Compte-rendu de la journée PLEASE Du mercredi 17 décembre 2014

, par Le groupe d’inspection

PLEASE, Paris/Lycées : Exploration annuelle en sciences économiques

Les journées du projet “PLEASE” sont le fruit d’une réflexion menée dans le cadre de la réforme du lycée qui a introduit un enseignement d’exploration d’économie et gestion en classe de seconde (PFEG).

Sur cette session 2014, 12 conférences ont été proposées par des universitaires de renom pour les trois académies de Paris, Créteil et Versailles. Ces conférences et les supports des chercheurs conférenciers seront disponibles sur le site de l’évènement : http://ces.univ-paris1.fr/Please/Please2014/Please2014.htm

Pour l’académie de Versailles, la journée PLEASE a eu lieu cette année le mercredi 17 décembre à la Maison des Sciences Economiques de Paris 1 Sorbonne. Ce projet a pour vocation de présenter aux lycéens qui suivent l’enseignement “Principes Fondamentaux de l’Economie et de la Gestion” un programme ludique et pédagogique sous la forme d’une journée d’étude consacrée à l’économie au Centre d’Economie de la Sorbonne (laboratoire de Recherche du CNRS et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ces présentations ont eu pour effet d’éveiller la curiosité des lycéens sur le monde actuel et de les sensibiliser aux problèmes économiques autour de grands thèmes d’actualité. Cet évènement a valorisé la réflexion scientifique en économie et montré la diversité des thématiques traitées par les économistes en lien avec le programme de PFEG. Les élèves se sont montrés intéressés et curieux tout au long de la journée, se confrontant à une situation d’enseignement où ils ont été activement questionnés par les enseignants-chercheurs. Les lycéens ont également participé à une démarche de recherche scientifique mise en œuvre par le laboratoire d’expérimentation économique de Paris Sorbonne sous forme d’ateliers d’1H30 invitant les élèves à des activités variées où leur créativité a été fortement mobilisée.

Atelier proposé aux élèves de seconde leur permettant de participer à un programme scientifique de recherche sur la connaissance de soi.

Les élèves de seconde et les professeurs accompagnateurs ont été chaleureusement accueillis par Tonia Lastapis, responsable de la communication de Paris 1, Jean-Michel Paguet, Inspecteur Général de l’Education Nationale groupe économie gestion, chef de projet pour la création du programme PFEG, Laurence Cousin Picheau, IA/IPR économie gestion, académie de Versailles ainsi que Madame Carine Staropoli, directrice adjointe du Centre de l’Economie de la Sorbonne.

Les professeurs des lycées de Marie Curie à Versailles (78), de René Cassin à Gonesse (95) et du lycée Montalembert à Courbevoie (92) s’étaient déplacés avec des élèves de seconde sélectionnés sur des critères de motivation et ayant choisi l’enseignement de PFEG.

Nous vous recommandons également le site de Paris Sorbonne qui a mis en place des vidéos d’une durée de 6 minutes réalisées par des chercheurs universitaires expliquant des concepts d’économie comme le rôle de la confiance dans le comportement et la prise de décisions : http://sorbonneco.hypotheses.org/category/videos-des-interviews

La journée a été marquée par 4 présentations :

1) Gaël GIRAUD, « Dette publique - le traitement tuera-t-il le malade ? »

La plupart des pays de la zone euro sont engagés dans des politiques de rigueur. Celles-ci ont-elles des chances de réussir à réduire l’endettement de nos pays ? Pour répondre à cette question, nous enquêterons sur l’origine des dettes : vivons-nous au-dessus de nos moyens ? Les Etats sont-ils trop dépensiers ? Les Etats sont-ils les acteurs économiques les plus endettés ? Y-a-t-il un rapport entre ces dettes et la crise financière ? Avec la crise du pétrole ? Quelles seront les conséquences de ces mesures ? Le traitement ne risque-t-il pas de tuer le malade ? Voulons- nous que l’Europe meure en bonne santé ?

2) Stéphane Zuber : « Économie des risques naturels »

Les risques naturels peuvent causer des dommages majeurs aux économies (destruction d’infrastructures, pertes économiques, pertes humaines) et avoir des conséquences durables. Quels sont les éléments d’une stratégie de gestion de ces risques (prévention, atténuation ...), à la fois pour des acteurs privés et publics ? Comment le changement climatique modifie les risques naturels ?

3) Fabrice Le-Lec : « Pourquoi une telle aversion aux risques extrêmes ? »

Les risques extrêmes sont les risques qui ont une très faible chance d’occurrence mais dont les conséquences sont très importantes, voire désastreuses. Ce type de risque est assez répandu, avec des applications sur l’environnement (risque nucléaire), la finance (krach) voire la politique (terrorisme). Il semble que les individus (ou les sociétés) développent une aversion toute particulière envers ce type de risque. Cette apparente hyper aversion aux risques extrêmes pose question à l’économiste, qui dans sa boîte à outils traditionnelle, appréhende l’attitude vis-à-vis du risque selon deux dimensions : les conséquences mais aussi les probabilités de ces conséquences. On rend ainsi compte de cette attitude vis-à-vis du risque à travers la théorie dite de « l’utilité espérée » qui combine la probabilité d’un événement multipliée par la satisfaction que les individus peuvent retirer de cet évènement. On peut classer alors les individus dans trois catégories : les riscophobes (la grande majorité), les neutres au risque, et les riscophiles. Néanmoins, cette catégorisation, a été remise en cause par de nombreuses études empiriques : les individus ont tendance à déformer les probabilités. Les petites probabilités sont surpondérées, alors que les probabilités moyennes et fortes sont plutôt sous-pondérées. Les risques extrêmes sont alors particulièrement pertinents à étudier car les probabilités d’occurrence sont très faibles. En extrapolant théoriquement cette tendance, on peut montrer que plus la probabilité va être petite, plus le montant qu’on est prêt à sacrifier pour ne pas subir ce risque est proportionnellement importante. Ce résultat implique une hyper aversion aux risques extrêmes. Ce résultat a été ensuite testé en laboratoire, dans le cadre d’expériences d’économie, qui tendent à le confirmer. Quelles sont les implications de ce phénomène (que permet-il d’expliquer ?) ? Comment une société doit elle se prémunir contre les risques extrêmes ?

4) François Gardes, « Comment les familles font leurs choix budgétaires et temporels ? »

Travailler, consommer, apprendre, se déplacer nécessite du temps. Les comportements des consommateurs ne peuvent se comprendre exclusivement sous l’angle monétaire. Cuisiner ou aller au restaurant, garder ou faire garder son enfant, se déplacer en métro ou en voiture sont des choix qui dépendent du temps que l’on a à consacrer à ces activités. Ce temps disponible s’ajoute au temps consacré au travail marchand, qui contribue à notre bien-être grâce au salaire. Les revenus monétaires sont ensuite combinés au temps libre pour un certain nombre d’activités de loisirs et de vie familiale. Si tout ceci n’est pas nouveau, c’est pourtant souvent la dimension monétaire du bien-être que les économistes étudient, par exemple lorsqu’ils regardent l’impact d’une mesure fiscale ou d’une crise économique sur le pouvoir d’achat des ménages ou s’ils réfléchissent au niveau des aides financières pour réduire les inégalités de revenus. Intégrer le temps à leurs analyses impliquerait d’en connaître la valeur... Dès lors, on pourrait mieux comprendre les comportements des consommateurs, en identifiant les rapports entre dépenses en argent et en temps, et en examinant les inégalités entre ménages au-delà des écarts de revenus. Cette approche de la consommation et de la satisfaction des ménages invite à repenser d’une part la pauvreté et les inégalités, mais aussi la relation entre temps privé et temps de travail.

Pour le groupe des IA IPR
Laurence Picheau - IA IPR
Aurélie Prolongeau - Chargée de mission d’inspection

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