Témoignage

Comment convaincre des élèves d’oser la prépa ?

, par Béatrice Martin

Entretien avec Laurent PEYRE, enseignant en économie gestion au lycée Geoffroy-St-Hilaire d’Étampes. Laurent PEYRE est d’être aussi colleur en classe préparatoire au lycée Michelet à Vanves. Sa connaissance de ce cursus lui permet non seulement de conseiller au mieux ses élèves mais aussi de les encourager à y candidater.

A la rentrée scolaire de 2014, 7 de vos élèves ont fait une rentrée en Classe Préparatoire aux grandes écoles option technologique. Ces chiffres sont 4 fois supérieurs à la moyenne nationale, comment expliquez vous cet engouement ?
Tout d’abord cette année est exceptionnelle car il est arrivé qu’aucun élève n’intègre une CPGE. Ce qui compte c’est le projet de l’élève et tout mon travail est de susciter l’envie d’ajouter parmi les projets d’études supérieures, celui de la CPGE.

Alors, comment susciter l’envie de postuler en CPGE ?
Cette possibilité de poursuite d’études est évoquée très rapidement dès que les élèves se questionnent. En classe de première, nous échangeons de manière informelle : certains connaissent ce cursus d’autres pas du tout, il faut les informer de cette possibilité. Mais souvent, cette perspective est encore trop loin trop abstraite : la véritable construction du projet démarre vraiment au début de la classe de terminale. L’objectif est de susciter l’envie, d’encourager et d’insister en en parlant souvent.

Mais tous les élèves ne peuvent accéder en CPGE ? En fonction de leurs résultats, faut-il les prévenir de ce qui les attend ?
Il m’a toujours semblé important de ne jamais les décourager et à partir de l’instant où la CPGE est envisagée, au contraire, il faut en parler et la garder dans le champ des possibles jusqu’au bout. Dans ce cadre, je n’ai jamais envisagé de remise à niveau, de stage de préparation. Ce qui compte surtout c’est la mobilisation autour de ce projet et celle-ci se construit dans l’encouragement.

Peut-on quand même tracer le portrait d’un élève de STMG qui voudrait aller en CPGE ?
Bien sur il y a des invariants : une bonne capacité de compréhension, un élève travailleur. Le niveau des notes n’est pas le critère déterminant, le plus important est que l’élève ait un niveau plutôt homogène et pas de note inférieure à 8.

Une fois qu’ils ont inclus ce projet dans les poursuites d’études possibles, faut-il encore travailler à le consolider ?
Oui, tout d’abord je les incite à aller aux journées portes ouvertes des classes préparatoires auxquelles ils ont l’intention de postuler sur APB. Je suis présent à celle de Vanves et je peux ainsi de mon côté identifier les élèves véritablement motivés. Ensuite, une fois les vœux sur APB formulés, je les amène moi même pour une rencontre avec les enseignants de la CPGE.

Quand ils se retrouvent en CPGE, qu’est-ce qui est le plus difficile pour eux ?
Clairement la charge de travail. Ensuite un découragement très fort occasionné par des notes très en deçà des niveaux obtenus précédemment : il est alors important de les soutenir et de les encourager. Souvent l’ambiance du groupe classe permet de surmonter ces moments difficiles.

Et les parents, qu’en pensent-ils de ce projet ?
Nous les associons très tôt à cette réflexion. Lors de la remise des bulletins, nous commençons à évoquer avec eux cette possibilité.

Entrer dans cette voie représente un coût ?
Oui parce qu’une Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles c’est deux années où il faut se loger à proximité, puis une école qui représente un investissement.

Il n’y a pas de frein sur ces aspects financiers ?
Etrangement non. Pour les CPGE, comme Vanves un internat gratuit est proposé la 1re année et je sais que d’autres solutions existent dans les autres CPGE. Ensuite, il existe dans les écoles de management des bourses octroyées aux étudiants. Enfin, certains de mes anciens élèves ont contracté des prêts étudiants comme de nombreux autres étudiants de ces écoles et il faut plutôt considérer cela comme un investissement sur l’avenir. Dans tous les cas, ces aspects n’ont jamais été un obstacle.

Entretien réalisé par Béatrice Martin
Professeure chargée de mission

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