La filière CAP Équipier Polyvalent du Commerce (EPC) du lycée Polyvalent Henri-Poincaré de Palaiseau dispose depuis 2 ans d’une épicerie pédagogique et depuis quelques semaines d’un site marchand. Freddy RAOUX, enseignant d’économie-gestion en Commerce-Vente, co-pilote et co-fondateur de ce projet, revient sur cette aventure.

 1) Pouvez-vous nous décrire le contexte dans lequel ce projet a été mis en place ?

La filière CAP au sein de notre établissement était peu mise en avant. Notre établissement est un lycée très dynamique sur les projets. En effet, nous avons la chance de pouvoir compter pour la filière commerciale, sur une équipe en économie gestion, très entreprenante et porteuse de nombreux projets favorisant la pluridisciplinarité (des classes solidaires avec le parrainage d’une jeune fille au Cambodge, des mini entreprises avec l’association Entreprendre Pour Apprendre, une section européenne, des challenges de vente avec France Challenges, Noham ou initiatives saveurs). Cependant, ces projets étaient uniquement associés à des classes de baccalauréat professionnel MRC / MCV. Aucun projet n’accompagnait le CAP dans l’établissement, puisque cette filière, était méconnue et souvent associée à tort, à des activités peu valorisantes, et souffrait ainsi d’un manque de visibilité et d’attractivité pour les élèves et des équipes.

 2) Quelles étaient vos problématiques ?

Nous étions confrontés à plusieurs problématiques :

• Comment valoriser la filière CAP EPC et la rendre attractive dans notre établissement ?
• Comment changer le regard des autres élèves sur la filière et sur les élèves la composant ?
• Comment mettre en avant les qualités et les compétences des élèves de CAP ?
• Comment mieux professionnaliser les élèves de CAP en adaptant davantage notre enseignement ?
• Comment mieux différencier et évaluer différemment les compétences acquises par les élèves ?
• Comment donner davantage de sens aux apprentissages et rendre les apprentissages plus concrets ?
• Comment couvrir toutes les parties du référentiel ?
• Comment fédérer et pérenniser des équipes pédagogiques sur les classes de CAP accueillant un public très hétérogène ?

Les objectifs de ce projet étaient de répondre à toutes ces problématiques, tout en cherchant à redonner confiance à des jeunes en perte de confiance et d’estime, et d’être en adéquation avec la mise en œuvre à la fois du nouveau référentiel et de la transformation de la voie professionnelle.

 3) Pouvez-vous nous expliquer le projet mis en place dans votre établissement ?

Nawel BENEL, Antoine CLEMENT, Jaouel HAMMADI et moi-même, les fondateurs du projet, avons eu une réflexion générale et collective autour de la filière du CAP EPC. Nous avions conscience que l’épicerie ne pourrait pas résoudre, à elle seule, toutes nos problématiques. La réflexion nous a amenés à réfléchir à la création d’un espace dédié à cette filière CAP. Dans cet espace, nous avons créé une salle de cours et une épicerie pédagogique.

Nous voulions disposer, au sein de l’établissement, d’un véritable magasin aussi bien dans son agencement que dans son fonctionnement. Nous souhaitions également disposer d’une salle de cours modulable et différente d’une salle classique. Cette salle de classe a été pensée comme une salle de réunion et un espace professionnel. Le projet était donc d’offrir aux élèves de CAP des espaces identifiables, professionnels et conviviaux, des espaces proches les uns des autres.

 4) Quels étaient les objectifs pédagogiques visés à travers l’épicerie et le site marchand ?

Les objectifs étaient de mettre en immersion de manière régulière les élèves dans des situations professionnalisantes, des situations apprenantes et un contexte professionnel avec les problématiques qui en découlent. Nous souhaitions, à travers ce magasin pédagogique et le site marchand associé, recréer un espace proche des conditions réelles afin de permettre aux élèves de travailler toutes les compétences du référentiel, notamment celles abordées souvent de manière trop théorique en classe, ou observée en PFMP. Par exemple, l’encaissement est une compétence, rarement confiée en entreprise à nos élèves. Ainsi, l’épicerie pédagogique permet de couvrir l’ensemble du référentiel et donc de mettre l’élève en situation professionnelle dans un poste de « hôte-sse de caisse ». Cependant, l’épicerie pédagogique ne remplace par les PFMP, l’épicerie est complémentaire des PFMP. Elle offre à l’élève l’opportunité d’acquérir des compétences, de progresser et de mobiliser ses compétences chaque semaine. Les PFMP permettent à l’élève de consolider ses compétences et de lui offrir de nouvelles expériences professionnelles. L’épicerie prépare, au plus près de la réalité, nos élèves, aux futures missions confiées par les structures d’accueil, dans le cadre de leur stage en entreprise. La répétition et la variété des compétences inhérentes aux postes (responsable rayon, responsable caisse et responsable viennoiserie) au sein de l’épicerie participent activement à l’acquisition des compétences, au développement professionnel et personnel de l’élève.

 5) Quels sont vos moyens de financement ?

L’épicerie existe sous le statut d’une association loi 1901, l’association Mouvement Lycéens Solidaires. Cette association a pour objet de mettre en place des actions commerciales dans le but de réaliser des actions solidaires. L’association parraine depuis 7 ans une petite fille via l’association « Toutes à l’école ». L’épicerie est ainsi une des actions mises en place pour assurer le parrainage de Danis, notre filleule. Le choix d’une association loi 1901 est motivé par le fait d’avoir une forme d’indépendance dans notre fonctionnement et dans notre financement. En effet, nous nous autofinançons pour l’acquisition des marchandises, la mise en place d’animations commerciales et l’achat de certains mobiliers de vente. Nous pouvons compter aussi sur l’établissement, qui se montre, depuis le début de l’aventure, à l’écoute, réactif et investi dans le développement de ce concept. À titre d’exemple, le matériel de caisse a été entièrement financé par le lycée. L’établissement de par son soutien financier et la confiance affichée a participé activement à la réussite de ce projet. Nous faisons également preuve d’ingéniosité pour trouver du mobilier à moindre coût et des moyens de transport pour en assurer sa livraison. En effet, nous utilisons régulièrement le site https://www.dons.encheres-domaine.gouv.fr qui permet à des administrations / associations de récupérer gratuitement du mobilier auprès d’autres administrations. Nous avons ainsi récupéré des tables auprès de l’Assurance Maladie du 93, des armoires auprès du Trésor Public de Paris et des chaises auprès de L’Agence de Mutualisation des Universités et des Établissements d’enseignement supérieur. La trésorerie de l’association est alimentée par les ventes réalisées au sein de l’épicerie, mais également les actions commerciales mises en place par certaines classes de baccalauréat professionnel MRC / MCV.

 6) Quels sont vos partenaires ?

Nous travaillons principalement avec des partenaires locaux. Ces partenaires sont aujourd’hui Biocoop (Châtenay Malabry), Oliomatto (Paris), Looca (Paris), Boulangerie Louise (Saulx les chartreux) France Challenges (Albi) et Noham (Rennes). Nous avons démarché ses entreprises afin de leur présenter le concept et de construire ensemble les contours d’un partenariat. Chaque partenariat est officialisé par la signature d’une convention de partenariat. Cette convention stipule nos obligations respectives. À titre d’exemple, nous sommes tenus de pratiquer les mêmes prix que nos fournisseurs. Un produit Biocoop sera vendu au même prix à l’épicerie que dans le magasin Biocoop de Châtenay. Ces conventions prévoient également la possibilité de réalisation d’interventions au sein de l’épicerie, de visiter les locaux de nos partenaires, d’accueillir des élèves en stage... Nous avons souhaité que ce partenariat ne se réduise pas à une relation fournisseur / client. Nous considérons notre partenaire comme un acteur à part entière de la formation du jeune.

 7) Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de l’épicerie ?

L’épicerie ouvre deux fois par semaine sur des demi-journées. Nous utilisons les heures de chef-d’œuvre pour couvrir les plages d’ouverture de l’épicerie. Depuis cette année, la gestion de l’épicerie est assurée par les secondes CAP et les terminales CAP. Chaque niveau assure donc une demi-journée d’ouverture. Pendant les horaires d’ouverture de l’épicerie, la salle est coupée en 2 afin d’offrir à l’ensemble de la classe des espaces de travail distincts. La gestion de l’épicerie nécessite 5 élèves qui assument les postes de responsable caisse, responsable viennoiserie et responsable rayon. Les autres élèves réalisent des activités en lien avec l’épicerie. Ces activités peuvent être la mise à jour du logiciel de caisse, l’analyse des performances passées, la mise en place d’une animation commerciale ou la réalisation d’un chef d’œuvre. À titre d’exemple, un groupe d’élèves de terminale, dans le cadre du chef d’œuvre, travaille actuellement sur la commercialisation d’un panier de fruits et légumes. Un planning annuel est ainsi établi pour assurer un roulement sur les postes et la gestion de l’épicerie. Ce fonctionnement est intéressant, mais demande beaucoup d’énergie, de flexibilité et une adaptation permanente. En effet, le travail est différencié entre les équipiers sur l’épicerie et le reste de la classe, les enseignants vont être plus ou moins sollicités en fonction du profil des élèves. De plus, il est difficile de prévoir toutes les situations relatives à la gestion d’un magasin.

 8) Est-ce qu’il y a d’autres classes qui profitent de l’épicerie ?

Les autres classes, au regard de leur référentiel et de la complexité à gérer l’épicerie, ne participent pas directement à la gestion de l’épicerie. Cependant, les autres classes peuvent collaborer ponctuellement avec les équipiers polyvalents ou s’appuyer sur l’épicerie. L’an dernier, la mini entreprise avait décidé de commercialiser du miel, ils ont pu réaliser des animations commerciales au sein de l’épicerie et y vendre leurs produits. Les produits étaient implantés en rayon. Les clients pouvaient acheter ce produit sur les jours d’ouverture même en l’absence d’animation commerciale. Cela a offert une exposition aux mini-entrepreneurs et a généré du flux au sein de l’épicerie. C’était un partenariat gagnant / gagnant. L’épicerie peut être également l’objet / le support d’un chef-d’œuvre pour les élèves de Baccalauréat professionnel MCV option A ou B. L’an dernier, un groupe d’élèves avait comme thème de chef-d’œuvre, la commercialisation d’un nouveau produit à l’épicerie. Ils ont donc mis en place une enquête, identifié un besoin, démarché des fournisseurs potentiels, négocié un prix d’achat et réalisé des achats pour l’épicerie.

 9) Quelles sont les situations professionnelles proposées ?

À travers les postes de l’épicerie, l’élève balaye toutes les compétences du référentiel. Il se voit proposer différentes problématiques professionnelles en lien avec le(s) poste(s) occupé(s). Il dispose d’une fiche de poste qui le guide pas à pas dans le travail à réaliser. Les équipiers progressent à leur rythme et s’autoévaluent. L’autoévaluation est un moyen intéressant puisque l’élève se rend compte du travail accompli, de ses capacités, des progrès réalisés et de ses axes d’amélioration. L’autoévaluation est aussi un moyen de travailler sur l’estime de soi. Par exemple, le responsable caisse devra être capable d’encaisser selon différents moyens de paiement, le responsable viennoiserie devra passer la commande pour la semaine suivante par mail, le responsable du rayon devra effectuer un relevé de prix sur le site du fournisseur et prendre les mesures nécessaires en cas d’écart de prix. Les situations sont diverses, multiples et en lien étroit avec les problématiques d’entreprises. Récemment, certains fournisseurs ont augmenté leurs prix, les équipiers ont dû réactualiser les étiquettes prix et mettre à jour le logiciel de caisse. Les équipiers apprennent également à faire face à l’absence d’un équipier. Notre ambition est de se rapprocher de la vie de l’entreprise et de les préparer au mieux à leur insertion professionnelle, qui reste la vocation d’une formation de CAP.

 10) Comment adaptez-vous et différenciez-vous votre pédagogie à un public de CAP, fragile avec pour beaucoup des besoins éducatifs particuliers ?

Effectivement, le public de CAP est différent, mais très attachant. Les élèves ont souvent un parcours scolaire compliqué, des situations personnelles et familiales parfois complexes. Certains de nos élèves disposent d’un PPS et/ou d’un PAI. Certains élèves bénéficient d’une AVS pour les accompagner en classe. Cette hétérogénéité de besoins particuliers nous oblige à nous informer sur les différents troubles et à comprendre les mécanismes d’apprentissage de nos élèves, afin d’adapter et personnaliser notre enseignement et différencier nos pratiques pédagogiques. Le fonctionnement de l’épicerie individualise d’une certaine manière le travail. En effet, l’élève occupe un poste différent chaque fois qu’il se trouve en épicerie. L’individualisation du poste de travail, des tâches confiées, du temps accordé, des supports mis à disposition est une manière de différencier la pédagogie et d’aider l’élève à progresser à son rythme. Ainsi, l’adaptation c’est faciliter des temps d’appropriation du savoir différents d’un élève à un autre, d’un trouble à un autre. À l’épicerie, nous porterons essentiellement notre regard sur le travail réalisé et la démarche mise en œuvre dans l’action. Nous allons valoriser les progrès réalisés. Nous allons ainsi prendre en compte le rythme de l’élève. Nous avons également proposé du tutorat entre élèves. Les élèves de deuxième année ont formé les premières années en début d’année scolaire sur les postes de l’épicerie. C’était une manière de transmettre différemment. L’élève tuteur est valorisé et cela favorise aussi le contact entre des élèves suivant la même formation.

 11) Quel est l’impact de ce projet sur vos pratiques ?

Ce projet a tout d’abord permis de donner davantage de sens à nos pratiques. L’épicerie devient un formidable support à la création de scénarios et séquences pédagogiques. L’épicerie devient un prétexte à faire, à construire, à réfléchir, à s’interroger... Nous nous appuyons sur des situations réelles et concrètes, des situations vécues par les élèves. Nos élèves ont besoin de faire, de pratiquer, de toucher le produit. Ils ne peuvent pas et ne veulent pas rester derrière une table. Ils ont besoin d’être dans l’action, être en mouvement. Ils ont un goût pour l’action et les taches manuelles. L’apprentissage de nos élèves de CAP passe par la pratique. À ce titre, j’ai été surpris de l’engouement affiché lorsque nous avons réaménagé la réserve.

Ce réaménagement a nécessité l’utilisation de tire palle, les élèves étaient ravis de pouvoir utiliser cet outil de manutention. Encadrer une épicerie demande également une remise en cause personnelle, de son positionnement, de ses pratiques et de la manière de transmettre le savoir. Nous accompagnons différemment nos élèves. Notre positionnement évolue au même titre que notre relation à l’élève. Ce projet permet notamment d’avoir des temps privilégiés avec l’élève, des temps d’écoute et de médiation, de permettre de s’arrêter, de revenir en arrière, avec des phases de mise en réflexivité pour permettre à l’élève d’alimenter son portfolio numérique. Il permet également de comprendre les difficultés rencontrées par les tuteurs de stage dans l’accompagnement du jeune en entreprise. L’épicerie pédagogique est aussi un formidable moyen de fédérer des équipes pédagogiques autour d’un projet. Il favorise le travail en équipe et donne du sens et des exemples de situations aux matières composant la formation. Par exemple, la collègue d’Arts appliqués a créé cette année avec les élèves, des sacs customisés à l’effigie de l’épicerie. En co-intervention, ils peuvent décider d’analyser les performances de l’épicerie, créer une newsletter, rédiger et poster des publications sur les réseaux sociaux ou le site marchand de l’épicerie. L’épicerie donne à l’élève l’opportunité de développer des compétences pluridisciplinaires et offre aux enseignants des mises en situation multiples. L’élève peut appréhender une compétence d’abord par la pratique puis la revoir de manière théorique ou inversement. Ce projet nous offre de la flexibilité et de la variété. L’élève va mobiliser des compétences scientifiques, rédactionnelles, de mobilité à travers des situations inhérentes à l’épicerie. C’est une manière de travailler aussi sur sa représentation des matières générales et de le réconcilier avec certaines matières, matières dans lesquelles il pouvait être en échec par le passé. Ce projet revalorise les enseignements, leur donne du sens et vise à changer la perception de l’élève. L’élève comprend davantage l’intérêt de maitriser le français, les mathématiques et l’anglais par exemple. Il prend conscience que ces enseignements lui seront nécessaires dans les missions rattachées au métier préparé à travers la formation.

 12) Dans quelles mesures le travail réalisé en épicerie permet d’alimenter le portfolio numérique de l’élève ?

La présence de l’épicerie facilite l’évaluation par compétence et la traçabilité. En effet, l’élève, lorsqu’il occupe un poste à l’épicerie, doit poster la fiche de synthèse de son poste en fin de matinée. Cette fiche synthétise le niveau d’expertise des compétences mobilisées. L’élève et l’équipe peuvent ainsi voir les progrès réalisés. Nous profitons également de ces temps d’apprentissage à l’épicerie pour pouvoir photographier et filmer les élèves afin d’offrir à l’élève des traces de son travail.

L’élève a également la possibilité de photographier / filmer son travail. Par exemple, les responsables rayon ont systématiquement une implantation linéaire à réaliser selon un planogramme. Nous leur demandons de faire une photo avant et après et de les poster ensuite sur leur portfolio. Nous exploitons également l’épicerie pour la réalisation de fiche d’activité. C’est également à travers cette dimension que l’épicerie et les PFMP sont complémentaires.

 13) Quels sont les apports de l’épicerie pour vos élèves ?

L’épicerie responsabilise nos élèves. L’élève se voit confier des missions, le jeune devient acteur de sa formation. Il participe à un projet collectif. Il est partie prenante de l’évolution de l’épicerie. L’épicerie donne du sens à sa formation. L’épicerie lui permet de développer de nombreuses compétences. Le fonctionnement proposé pendant les heures de chef-d’œuvre nécessite le développement de son autonomie. L’épicerie facilite l’acquisition des compétences, mais elle permet aussi au jeune de reprendre confiance en lui et en ses capacités. L’estime de soi est le plus grand des chantiers pour nos élèves. L’épicerie participe à changer leur estime et leur vision d’eux-mêmes. Aujourd’hui, les élèves de l’établissement ont un autre regard sur les élèves de CAP. L’épicerie met en lumière leurs qualités et les valorise auprès de la communauté du lycée. Ils ont gagné la sympathie, le respect et la reconnaissance des autres élèves et de l’établissement.

 14) L’épicerie est dotée depuis quelques semaines d’un site marchand, comment comptez-vous exploiter ce canal de vente ?

Effectivement, l’épicerie dispose aujourd’hui d’un site marchand https://www.epicerie-mls.com sur lequel vous pouvez retrouver et acheter nos produits. L’idée est de pouvoir toucher d’autres clients. En effet, nos clients appartiennent aujourd’hui tous à la communauté Poincaré. Nous avons la volonté de toucher une clientèle extérieure au lycée et de pouvoir offrir du click and collect et de la livraison à domicile. L’objectif à terme serait d’avoir les jours d’ouverture, des équipiers polyvalents sur l’épicerie et les autres équipiers sur la gestion du drive et la gestion de la livraison à domicile.

 15) Quelles sont, selon vous, les clés de la réussite de ce type de projet ?

Ce projet doit s’appuyer sur un groupe d’enseignants volontaires, conscients de la quantité de travail et des difficultés inhérentes à développer ce concept au sein d’un établissement scolaire. Ensuite, ce projet nécessite des moyens financiers. Le mobilier de vente, les équipements de caisse, les équipements de la réserve, les marchandises, le mobilier de la salle et le site marchand représentent un investissement de plus de 10 000 euros. Ce projet s’est construit sur plusieurs années. Nous avons cherché à associer le plus possible les élèves dans toutes les étapes de la création et la mise en place de l’épicerie. Aujourd’hui, les élèves sont systématiquement associés dans les choix et les orientations prises par l’épicerie. C’est le meilleur moyen pour obtenir l’adhésion des élèves. Il faut se montrer patient et avoir à l’esprit que le temps scolaire n’est pas le temps de l’entreprise. Certaines orientations commerciales peuvent prendre du temps à se concrétiser. L’épicerie est à la fois un outil d’entraînement, d’apprentissage et de formation. Le soutien logistique, financier, pédagogique, organisationnel et l’accompagnement de la direction de l’établissement sont indispensables. Nous avons la chance de pouvoir compter sur notre Direction, le service intendance et notre équipe de DDFPT pour tout mettre en œuvre pour la réussite du projet. Par exemple, les emplois du temps de la classe sont créés en tenant compte des contraintes organisationnelles de l’épicerie.

 16) Quels sont les résultats aujourd’hui de l’épicerie après deux ans ?

Nous réalisons une centaine d’euros de chiffre d’affaires par jour d’ouverture. Les élèves adhèrent et prennent plaisir à évoluer au sein de l’épicerie. Ils ont gagné en confiance en eux et ont développé des compétences professionnelles. Cela nous permet aussi de les voir évoluer différemment. À l’échelle de l’établissement, l’épicerie constitue une vitrine et apporte une animation hebdomadaire au sein du lycée. L’épicerie est fréquentée par tous les élèves, quelques parents d’élèves et par de nombreux adultes de l’établissement. Les élèves ont su créer un engouement autour de l’épicerie.

 17) Quels sont les projets de développement de l’épicerie ?

Les projets sont nombreux et les élèves demandeurs et forces de proposition. Nous voulons donner une dimension sociale à l’épicerie. Un partenariat avec l’ESAT La Cardon est à l’étude. Nous avons également l’ambition de travailler sur la mise en place d’une carte de fidélité, la commercialisation d’un panier fruits / légumes et le développement d’une franchise. Jaouel HAMMADI, aujourd’hui enseignant au lycée Pierre Corneille à La Celle-Saint-Cloud, et moi-même réfléchissons à la manière d’exporter ce concept dans d’autres établissements scolaires. La franchise consisterait à promouvoir le concept, développer l’ouverture d’épicerie pédagogique dans d’autres établissements en accompagnant les équipes dans le processus, et en leur faisant profiter de nos réseaux et contacts.

Différents documents inhérents à la gestion de l’épicerie ont été produits :

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