Ce dispositif pédagogique est mis en place dans le cadre le la Transformation de la Voie Professionnelle (TVP) entamée depuis 2019.
La co-intervention est une modalité pédagogique de mise en œuvre des référentiels et des programmes dans laquelle deux enseignants interviennent ensemble dans une même salle (ou un même lieu) et au même moment. Dans cette définition, la co-intervention suppose nécessairement un co-enseignement, c’est-à-dire un projet d’enseignement élaboré en commun et en amont de la co-intervention. (1)
A travers la coopération, les enseignants sont encouragés à créer des pratiques visant à répondre à la diversité des élèves et mettre en place des ajustements.
Cette « coopération » peut intervenir à plusieurs niveaux d’action pédagogique (observation, préparation, animation, évaluation...).(2)
Vous trouverez l’ensemble des notions abordées dans le Genially présenté ci-dessous :
Planification et concertation
A/ Co-construction de la progression
La mise en place de réunions en fin d’année permet de planifier les objectifs pour l’année suivante. La coopération entre équipe (s) favorise la transversalité des notions abordées entre les différentes disciplines de l’enseignement professionnel et général. Il s’agit donc dans un premier temps de co-construire une progression en rapprochant les référentiels et les programmes concernés en précisant les compétences travaillées.
Voici un exemple de progression intégrant toutes les séances de l’année en concertation avec les enseignants de l’enseignement général. Cette progression n’est en aucun cas modélisant. Ce n’est qu’un outil de travail voué à être remanié au cours de l’année.
B/ Co-construction des séances
Les enseignants élaborent ensemble des scénarii afin de mettre en œuvre des compétences de l’enseignement général dans un contexte professionnel. Ils doivent « se donner pour première mission de susciter la réflexion de l’élève ».(3)
La co-construction des séances consiste :
- À prévoir des situations professionnelles, des supports et des évaluations ;
- À anticiper les différentes phases et définir le rôle des deux enseignants
Prévoir permet de renforcer le sens donné à l’enseignement en se fixant des objectifs pédagogiques. Cela permet de mieux répondre aux demandes des élèves et de différencier son enseignement. Cependant le déroulement des séances ne doit pas être figé mais adapté aux besoins.
Des remédiations et des réajustements de la progression sont donc nécessaires tout au long de l’année pour répondre au mieux aux besoins des élèves et aux contextes professionnels.
Les enseignants sont alors des « facilitateurs d’apprentissage ».(4)
Cette mise en œuvre est illustrée par un exemple de séance en co-intervention en mathématiques en GATL.
Les modes d’intervention
Cette « coopération » peut revêtir plusieurs formes dans la classe(2) :
- Co-enseignement (même espace et même rôle)
- Co- présence (même espace mais rôle différent)
- Co-intervention (même espace et mêmes rôles et/ ou rôles différents)
Les 3 formes peuvent s’exercer lors d’une même séance. Elles favorisent ainsi la différenciation pédagogique pendant ou en dehors de la séance.
L’utilisation d’outils numériques tels que les parcours ELEA et les applications de l’ENT permettent cette différenciation et l’apprentissage des élèves à leur rythme.
Analyse
La Co-évaluation et le Co-bilan des séances sont importants. Ils permettent de repérer les difficultés rencontrées et constater les progrès effectués des élèves. Ainsi les enseignants pourront proposer soit des remédiations ou des contenus plus complexes.
Les effets de la co-intervention
A/ Pour les enseignants
Les retours d’expérience des professeurs ont été recueilli suite à un questionnaire réalisé via Google Forms.
Les résultats ne sont pas représentatifs à la vue du nombre mais permet de mettre en évidence plusieurs effets positifs tels que :
- La transversalité de l’enseignement
La co-intervention permet de rompre l’isolement, d’ouvrir un espace de co-formation pour faire évoluer les pratiques grâce à des dispositifs d’observation mutuelle entre enseignants et/ou de co-élaboration des situations d’apprentissage. (2)(5)
- Une meilleure acquisition des compétences par les élèves
Selon les enseignants consultés, la co-intervention a permis d’introduire ou de réinvestir des compétences, des connaissances vues précédemment dans l’enseignement disciplinaire. Les compétences transversales ont permis une meilleure harmonisation entre les deux disciplines. Et ils constatent une plus-value pour eux et pour les élèves
Exemple de retour d’expérience :
« La co-intervention Mathématiques/physique/chimie et enseignements professionnels maroquinerie et vêtement est riche pour les élèves. Elle donne du sens aux différentes matières en particulier les mathématiques appliquées au métier et les aide dans les calculs, les notions électriques, chimie, géométrie, pourcentages etc... »
- Points de vigilance
Temps de réflexion et de concertation nécessaire
Les enseignants ont disposé d’une phase de réflexion pour l’élaboration de la progression ou plan de formation sont pour autant programmé toutes les séances. Les attentes disciplinaires ont été clairement identifiées et les modalités de co-intervention choisies.
Exemple de retour d’expérience :
« Ne pas établir de progression de co-intervention commune à 2 classes
« la difficulté est qu’il est difficile de trouver un programme commun sur l’année entière vu que certaines notions ne seront abordées qu’en première pour la partie professionnelle. »
« Une très bonne expérience quand on peut choisir son binôme. »
B/ Pour les élèves
Les témoignages des élèves ont été recueillis suite aux questionnaires réalisés auprès de 67 élèves de sections tertiaires et industrielles (Questionnaire réalisé via Google Forms).
Ils concernent différents aspects de l’apprentissage :
- Réinvestissement des notions dans le domaine de l’enseignement général et professionnel
Les élèves ont réussi à établir des liens entre l’enseignement général et professionnel. Ils ont majoritairement pu mieux remobiliser en enseignement professionnel des compétences, connaissances ou capacités étudiées en enseignement général.
Quelques exemples de témoignages recueillis :
« En 3e pour les maths par exemple je ne comprenais rien mais avec la co-intervention j’arrive à mieux comprendre »
« La co-intervention permet de mieux comprendre le français et les mathématiques »
« Ça regroupe deux matières en une. »
- Un meilleur accompagnement
Ils ont le sentiment d’être mieux accompagnés et aidés lors des séances de co-intervention. Ils disent avoir amélioré leurs résultats en enseignement général et professionnel.
Exemples de témoignages recueillis :
« Cela m’apporte de l’aide et je comprends mieux les enseignements, puisque les professeurs sont plus derrière nous. »
« Les professeurs sont plus à l’écoute lorsque nous demandons de l’aide »
« Je trouve que les profs expliquent mieux les cours en co-intervention que les cours classiques »
« Ça m’aide à bien écrire en français et à m’améliorer en mathématiques »
- Un meilleur climat
Exemples de témoignages recueillis :
« La parole est libre »
« Je m’y sens bien, j’avance à mon rythme »
- Points de vigilance
Des difficultés de concentration pour certains élèves
Prédominance d’une discipline
Conclusion
La co-intervention favorise un enseignement différencié et un apprentissage plus ciblé pour nos élèves. Elle nous amène par ailleurs à nous questionner sur la co-évaluation des compétences.
Bibliographie
(1) Vade-mecum mettre en œuvre la co-intervention dans la voie professionnelle
(2) « Coordonner, collaborer et coopérer : de nouvelles pratiques enseignantes ». De Boeck, Marcel, Dupriez et alii (2007)
(3) APPRENDRE pourquoi ? Comment ? (La Petite Bibliothèque de Sciences Humaines, avril 2014) V. Bedin et M. Fournier
(4) Liberté pour apprendre (Dunod, 4e édition, 2013), Carl Rogers
(5) https://denc.gouv.nc/sites/default/files/documents/co_intervention_et_co_enseignement.pdf
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