Introduction
Les diaporamas sont très souvent utilisés dans nos enseignements afin d’être les supports visuels de nos cours. Support obligatoire des conférences, animations institutionnelles, le diaporama possède à l’évidence des qualités pour diffuser l’information. C’est un exercice intéressant de communication qui permet de synthétiser les apports de contenus, d’énumérer plus facilement des points importants, de structurer un exposé.
Cependant, même avec des effets, le diaporama reste souvent un moyen de présentation statique très fortement dépendant de l’orateur qui s’appuie dessus. Car nous l’avons déjà constaté, nous connaissons les limites du diaporama : si l’orateur ne l’a pas suffisamment préparé il paraphrase chaque diapositive ou ne laisse pas le temps de la lecture, oublie les enchaînements...
Pour passionner le lecteur le diaporama doit être vivant : ceux qui nous passionnent le plus sont ceux qui ont une âme, un message, qui dépasse la simple suite de diapositives. On peut notamment le constater avec tous les diaporamas que nous recevons par courriel et qui encombrent souvent nos boites aux lettres. Qu’ont-ils de plus ou de moins qui nous font ou non les apprécier ? Le sujet, la forme, l’intrigue, la taille ? Indépendamment du sujet qu’ils traitent, certains diaporamas nous rebutent, d’autres nous lassent, quelques uns nous intriguent : on va jusqu’au bout avec enthousiasme et la conclusion est une véritable révélation. Pourquoi ?
Les diaporamas sont donc une histoire : à la fois un visuel et un récit.
Voilà en quoi le storytelling peut devenir intéressant et ajouter une nouvelle dimension à nos présentations « classiques ».
Le storytelling
Raconter une histoire...
Est-il surprenant de dire que lorsque l’on raconte une histoire il est plus facile de maîtriser son auditoire et de faire passer un contenu, un message ? Dans nos ressources nous avons quantités de supports qui permettent de compléter nos séquences : nous diffusons des films ou des séquences vidéos, nous étudions des articles, nous donnons des exemples, nous contextualisons nos exercices / TD / TP. Il est bien loin le temps de l’entreprise X et du client Y pour l’année N... nos exemples sont contextualisés, les entreprises ont un logo, une adresse, une activité détaillée, les clients ont des spécifications...
Voilà donc l’histoire et c’est bien plus facile de s’impliquer dedans.
pour y croire...
L’histoire permet donc de situer une action, de définir le périmètre d’une intervention, de progresser. Car tout est dans l’évolution amenée par l’histoire. Elle sert à expliquer les choses et à amener l’élève vers une ou plusieurs solutions, elle sert également à mieux comprendre l’origine d’une problématique. Car on ne peut demander de résoudre des problématiques sans que celles-ci ne soient pas bien ancrées dans l’esprit d’un élève. Si un élève croit en ce qu’il fait, donc s’implique dans une histoire, il va donc s’impliquer dans une connaissance, la faire sienne et vouloir s’approprier tous les savoirs s’y afférant. Tous les mythes et légendes des origines ne sont pas de veines histoires, ce sont la traduction de croyances que l’homme s’est construit pour expliquer le monde et transmettre.
La communication par le récit...
Voilà donc pourquoi le storytelling, bien que théorisé depuis les années 2000, n’est pas nouveau finalement. Il est utilisé par les hommes politiques pour se mettre en valeur, mythifier leur vie et ainsi obtenir un avantage sur leur concurrents. Il est utilisé par les entreprises pour communiquer autour d’un produit, pour lui donner de l’ampleur et faire adhérer à une marque qui a une histoire.
Il s’agit en fait, selon Sébastien Durand (Storytelling - Réenchantez votre communication, Dunod, 2011) :
- d’être reconnu ;
- d’être proche ;
- d’être rassurant ;
- d’être accessible.
Le storytelling
Le storytelling est donc le procédé consistant à raconter une histoire afin de véhiculer un message positif et de provoquer la sympathie envers un objet, une organisation ou un personnage. C’est un procédé narratif qui produit une émotion, suscite l’intérêt et conduit à accepter un message.
Storytelling et pédagogie : l’émotion comme vecteur d’acquisition des connaissances
Loin de nous l’idée de formater les esprits, d’inculquer des idées à l’insu de la personne. Il s’agit de faire adhérer l’apprenant à la connaissance que nous voulons lui donner. Si cette connaissance est extérieure, cela ne restera qu’un savoir, su par cœur, répété, mais jamais intégré ; si la connaissance est profonde alors seulement elle est l’objet d’une compréhension profonde, d’un entendement qui l’ancre solidement dans l’esprit.
Nous faisons cela tous les jours, à chacun de nos cours, lorsqu’un exemple provoque la passion des élèves ou l’hilarité il est quasiment certain qu’il sera retrouvé dans les copies. Car l’émotion est l’un des plus grands vecteurs d’acquisition des connaissances.
Application pédagogique avec Prezi
Susciter l’intérêt avec de nouvelles présentations scénarisées
Voilà donc posé l’idée. Raconter plutôt qu’argumenter. Remporter l’adhésion plutôt que de convaincre. Au final rien de bien original puisque l’on sait combien nos élèves s’animent facilement lorsqu’ils sont motivés et convaincu de ce qu’ils font.
Encore une fois l’émotion permet d’augmenter la sensibilité des élèves et donc de leur permettre d’être plus favorable à l’apprentissage. On pourra approfondir ces notions en se référant aux recherches en matière de neuro-pédagogie (http://neuropedagogie.com/, http://www.pearltrees.com/).
Il est très important, lorsque l’on se lance dans le storytelling ou même dans l’univers de la neuro-pédagogie de savoir scénariser, raconter. Je pense que si l’on n’a pas quelques talents pour ce qui est du théâtre ou de l’imagination cela peut être bloquant dans un premier temps. Car il est crucial de savoir organiser la transmission d’une connaissance. Et pour cela il faut connaître quelques paramètres :
- le scénario : l’histoire, le storyboard qui pose le lieu, le temps et l’action.
- le média : comment est diffusé le résultat, comment diffuser aux élèves ?
- la forme : comment est construit le support ?
Le prof réalisateur avec Prezi
On devient donc un réalisateur. Cela demande de bien maîtriser son sujet et de transformer son diaporama en un objet narratif. Le diaporama répond à la question « Que vais-je raconter comme histoire aujourd’hui pour permettre d’apprendre ? » ou « Quel est le récit ? »
Le logiciel hongrois Prezi, apparu en 2009 est très intéressant pour se tester au storytelling. C’est un outil de présentation et de carte mentale réunis. Comme outil de présentation il utilise des diapositives, un thème, des outils graphiques, des possibilités d’énumération... comme outil de cartographie mentale il intègre la notion de chemin pour lier les diapositives présentées sur une carte et non plus dans une trieuse. L’ordre n’est plus linéaire, impliquant peut-être une connaissance linéaire, mais aménagé dans l’espace. Un schéma, une illustration en fond d’écran permet de baser la présentation. Les diapositives suivent un chemin et chacune d’entre-elles est une portion de l’histoire. Après chaque diapositive on est impliqué, on a envie de savoir la suite, on identifie les éléments et la trame du récit.
Trois exemples, pour commencer
Pour commencer, voici trois exemples de Prezis. Si ces présentations ne s’affichent pas, vous pouvez y accéder sur le site de Prezi :
Les présentations peuvent être lues en plein écran (cliquer sur les flèches pour avancer manuellement entre les diapositives) :
Le storytelling raconté avec Prezi.
Basé sur l’article d’Hassan Sidri, Régis Coquelin, Stéphane Bondu et Sylvie Lacan, à lire ici.
Débuter avec Prezi
Site de Prezi : http://prezi.com
L’inscription est gratuite et permet de concevoir un nombre illimité de présentations qui sont toutes publiques (100Mo de stockage). On peut passer en Prezi Edu gratuitement en donnant un adresse mail académique et en indiquant l’URL du site de son établissement. Cela permet de faire des présentations privées et d’avoir 500Mo de stockage. L’espace de stockage est décrémenté lorsque l’on télécharge ses propres images de fond, des documents reliés à la présentation (PDF, ...).
Les présentations s’appellent des Prezis.
Votre compte récapitule les différentes présentations créées, que l’on peut sous-titrer, annoter :
Lorsque l’on choisi de créer un Prezi (New Prezi), un grand choix de thématiques est proposé par défaut :
La thématique est composée d’une image de fond, qui peut être avec effet 3D, de quelques diapositives et d’un chemin entre les diapositives déjà prédéfinis (mais modifiable). L’image de fond sert à donner le sens de la présentation ou à en définir la structure visuelle. Le Prezi est basé sur une image et les différentes diapositives sont disposées dessus. Une trieuse apparaît sur le côté pour pouvoir éditer chaque diapositive.
Une fois son thème choisi, on peut changer le parcours entre les diapositives et choisir les transitions en cliquant sur Edit path.
Chaque diapositive est construite comme celle d’un diaporama, avec des palettes de couleur, des palettes de formes et l’insertion d’images ou de média (pages web, vidéo, documents PDF, ...). Ces palettes s’appliquent aux diapositives ou à la présentation globale en elle-même.
On peut accéder à différents jeux de couleurs selon ses goûts :
Toutes les zones de texte sont éditables, modifiables et déplaçables avec un large choix de polices, d’effets de texte et de couleurs :
Chaque diapositive est disposée sur le calque qui forme le fond de la présentation et qui donne le sens final de la présentation.
Puis on forme le chemin, on indique les transitions qui dans un univers 2D ou 3D permettent de se représenter la connaissance.
On peut télécharger la présentation pour la présenter hors-ligne (avec une visionneuse fournie lors du téléchargement) ou la visualiser en ligne. Les élèves peuvent donc utiliser le lien vers la présentation pour la visualiser en autonomie.
Conclusion
Prezi est facile à mettre en œuvre et change l’expérience du diaporama avec un visuel agréable. Mieux qu’un diaporama, c’est un récit qui peut parfois amener à repasser par les mêmes diapositives avec d’autres idées, d’autres angles de vue.
C’est une très bonne entrée en matière pour les techniques de storytelling plus orientées sur la forme narrative du discours et la construction du sens au fil des diapositives.
Cependant il faut que la présentation reste limitée en nombre de diapositives au risque de perdre tout l’intérêt du cheminement et de l’aspect visuel. Un grand nombre de diapositives peut brouiller la présentation et décourager l’auditoire.
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