En quoi le CAFFA contribue-t-il au développement des compétences professionnelles des enseignants en lycée professionnel ?

, par Nadia CHEBBI

 1/ Les enjeux du Certificat d’aptitude aux fonctions de formateur académique (CAFFA)

L’éducation nationale a souhaité avec la création du CAFFA renforcer et structurer la professionnalité des enseignants pour se doter d’un véritable réseau de formateurs, en accompagnant les personnels qui le souhaitent d’accéder aux fonctions de formateur. C’est dans ce contexte qu’un référentiel de compétences du formateur a été élaboré et publié au BO n° 30 du 23/07/2015

En effet, en s’engageant dans le CAFFA les enseignants du 2nd degré peuvent exercer de nouvelles fonctions d’animation, de recherche et de formation dans le cadre de la formation initiale et continue des enseignants.

L’aspect professionnalisant du CAFFA permettrait-il à l’enseignant une prise de conscience de ses gestes professionnels (Bucheton) pour structurer et nourrir son identité professionnelle ? En effet, la certification n’est pas uniquement une mise en forme, c’est aussi une transmission, avec la possibilité de transformer l’enseignant vers une évolution sur le terrain professionnel d’où l’importance de s’engager dans une réelle formation tout au long de la vie. Dès lors, si on considère le CAFFA comme un vecteur de changement de l’identité professionnelle qui est la combinaison de l’identité personnelle, l’identité sociale, le parcours de formation et l’emploi, en lien avec le contexte d’exercice. On peut alors s’interroger sur la place de cette certification dans le développement des compétences professionnelles ? Peut-on supposer qu’elle permette de développer de nouvelles pratiques professionnelles sujettes à conduire vers un changement de posture ? Et quelles compétences cherche-t-on à y construire ?

 2/ Quel est l’intérêt de la CAFFA ?

Cette certification se déroule sur deux années et comprend une épreuve d’admissibilité avec deux épreuves d’admission, pour ce faire, il est nécessaire d’être titulaire ou contractuel en CDI, et justifier au 31 décembre de l’année de l’examen de 5 ans de services dans un établissement du second degré. Elle est donc un moyen privilégié par l’Institution pour permettre aux enseignants de construire de nouvelles compétences professionnelles et constitue un moteur du développement professionnel. En effet Perrenoud (1994) avance l’argument qu’elle permet à l’enseignant de « devenir expert, d’être une personne-ressource dans l’atteinte d’objectifs nouveaux ou ambitieux » et « de se donner les moyens d’une mobilité interne ou externe horizontale ou verticale ». Plus encore devenir plus compétent dans son action d’enseigner et/ou lui permettant d’envisager d’autres missions en faisant valoir ces compétences en accédant à un autre poste. Ce sentiment de reconnaissance et de compétence, permettrait-il de s’engager de manière plus volontaire dans le processus de professionnalisation dans une dynamique de valorisation personnelle ?

Si on considère que la CAFFA ouvre le champ des possibles, il y a plusieurs niveaux d’intervention possibles, en formation initiale et continue. L’enseignant peut être tuteur en établissement scolaire pour accompagner les premiers pas d’un jeune professeur, il peut aussi faire des interventions ponctuelles en formation initiale ou continue dans les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation. Si le rectorat a le choix entre deux personnes, il privilégiera un formateur ayant le CAFFA. Il peut aussi être en charge d’un groupe d’étudiants, animer leurs TP et les visiter sur leur lieu d’exercice. Le formateur académique peut aussi par ailleurs être recruté à l’Inspé, avec une décharge horaire, pour former les étudiants en Master. Il partage alors son temps entre son établissement d’affectation et l’Inspé. Cette ingénierie de la formation professionnelle s’appuie, le plus souvent, sur le travail prescrit, la CAFFA, n’est donc pas uniquement une mise en forme, mais permet l’acquisition de nouvelles compétences pour transformer l’enseignant sur son terrain professionnel.

Les quatre domaines de compétences du formateur

 3/ Points de vigilance

…Néanmoins, s’engager dans la CAFFA nécessite de revisiter ses actions pour modifier sa relation au savoir et faire évoluer sa pratique avec l’acquisition de nouveaux gestes professionnels. Cette réflexivité permet de développer une attitude d’ouverture et de curiosité pour acquérir des capacités à requestionner et reconstruire ses expériences d’une manière réfléchie. Ainsi, le questionnement développé devient un enjeu de la certification puisqu’il permet au formateur en devenir d’acquérir un ensemble de démarches et de méthodes qui lui permettront de concevoir des actions de formation.

Dès lors, il convient de s’interroger sur le développement d’une nouvelle éthique professionnelle orientée sur la capacité à se distancer et à repenser la dynamique de groupe pour accompagner les stagiaires dans leur processus de professionnalisation ce qui pose la question de la responsabilité.

Pour favoriser le développement d’une nouvelle éthique professionnelle :

En effet, selon Mairesse, la place de l’éthique professionnelle du formateur occupe une place centrale dans ses missions, puisque ce dernier est responsable d’un espace social collectif et de son mode de fonctionnement avec une nécessité de réunir un certain nombre de conditions :

  • Un cadre posé explicité pour tous avec la mise en place d’une reliance collective et une capacité à travailler ce cadre.

  • Un dispositif pédagogique travaillé et comportant des objectifs avec une progression pédagogique et des techniques d’apprentissage qui peuvent être aussi bien en présentiel, qu’en distanciel, ou en mode hybride.

  • Une disposition à regarder de façon vigilante les résonances positives et négatives dans les relations avec l’autre.

  • Une disposition à reconnaître ses erreurs, à les analyser, à en faire part aux stagiaires dans une optique de réciprocité et de partage.

Par conséquent, les actions de formation permettent au formateur de développer des compétences réflexives, affectives et interactives. Ces trois compétences, lorsqu’elles sont en interaction, contribuent à accroître la vigilance éthique du formateur et lui permettent de développer une nouvelle posture.

La posture de formateur

 4/ Témoignage

Houria Bousaid, enseignante en lycée professionnel dans l’académie de Versailles et formatrice Académique : quel a été votre cheminement vous permettant d’accéder à la fonction de formatrice académique ?

 Pour conclure

Outre le fait que la CAFFA est sans doute un levier pour faire évoluer sa carrière, c’est également une opportunité qui est offerte de construction de soi, de son identité qui s’inscrit dans un processus de formation tout au long de la vie. C’est un continuum entre la formation initiale et professionnelle durant lequel l’enseignant acquiert et développe des compétences, tant en termes de savoir-faire que de savoir-être, et en cohérence avec ses aspirations personnelles et professionnelles.

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