L’économie du bonheur

, par Jean-Pierre Goueythieu

Les économistes du bonheur ambitionnent de mettre en évidence le lien entre la richesse et la satisfaction déclarée de sa vie (qui est une appréciation subjective du bonheur) afin de fournir des leviers aux politiques publiques. Les résultats des enquêtes permettent d’expliquer à court terme des corrélations intéressantes et parfois étonnantes entre richesse et bonheur mais butent sur un paradoxe : à long terme, la richesse n’apporte pas plus de bonheur. Les déséquilibres actuels reflètent les limites de l’économique au service du bonheur.

 Introduction

Nos sociétés ont fait du bonheur une idée neuve. Puisque chacun aspire au bonheur, alors les politiques économiques, au service de l’intérêt collectif, s’y sont intéressées pour disposer d’indicateurs afin d’orienter leurs décisions pour une société plus heureuse.
Mais « peut-on mesurer quelque chose d’aussi subjectif et impalpable que le bonheur ? » Claudia Senik, 2014.[1]

L’économie du bonheur appartient au champ de l’économie comportementale : l’économie comportementale est l’incorporation de la dimension psychologique du raisonnement de l’individu dans l’analyse économique, en réponse aux limites de l’économie standard reposant sur l’hypothèse de rationalité individuelle.

Elle se distingue donc de l’économie classique qui suppose un homo economicus maximisateur par un calcul rationnel, compte tenu de sa contrainte budgétaire (Jeremy Bentham). Elle fonde ses analyses sur le bonheur, qui est une sensation subjective, relative, individuelle, déclarée, d’un niveau de satisfaction globale de sa vie à un moment donné.

Aujourd’hui la réalité biologique du bonheur est mise en évidence par les neurologues à travers des observations sous IRM. Une sensation de bonheur se matérialise par la libération d’une molécule visible à l’écran : la sérotonine. Le plaisir se matérialise par la libération d’une autre hormone qui est la dopamine. Les protocoles des expériences en économie comportementale mobilisent de plus en plus ces technologies pour apprécier les comportements et leurs ressorts.

Néanmoins, le bonheur reste une préoccupation ancienne et de nombreuses conceptions ont été forgées.

Pour le philosophe, c’est un état conscient de satisfaction complète caractérisé par sa stabilité et sa durabilité. En tant qu’optimum de la vie humaine, le bonheur est souvent présenté comme le but le plus élevé de l’existence.

Pour le sociologue, la société ne crée pas à proprement parler le bonheur mais en définissant le « bien » et le « mal », et créant un système de valeurs elle cristallise, un bonheur qu’il est souhaitable d’atteindre dans une société donnée. De cette manière, elle permet à ses membres d’identifier le bonheur et de le rendre accessible, visible. Elle offre donc un ensemble de valeurs et de normes qui, intériorisées, mènent au bonheur, En tant que science sociale, l’économie du bonheur puisera dans la sociologie certains des éclairages nécessaires.

Cependant, l’économie du bonheur en tant que courant du champ de l’économie comportementale se référera principalement à la psychologie pour expliquer les phénomènes observés. En psychologie, le bonheur témoigne d’un très bon fonctionnement psychologique. Les psychologues du bonheur ont développé différents concepts pour mieux comprendre le bonheur (Renaud Gaucher) [2] :

  • Le subjectif renvoie à l’évaluation que l’on peut faire de sa vie (c’est cette évaluation, par des enquêtes, qui fournit les données aux analyses de l’économie du bonheur, les autres dimensions du bonheur, ci-dessous, en sont plutôt les facteurs explicatifs) ;
  • Le psychologique témoigne d’un équilibre composé de l’acceptation de soi, de la croissance personnelle, des relations positives avec les autres, de l’autonomie, du sens à la vie et de la maîtrise de l’environnement ;
  • Le social est composé de l’acceptation sociale, de la réalisation sociale, de la contribution sociale, de la cohérence sociale et de l’intégration sociale ;
  • Le bonheur authentique se réalise à travers une vie plaisante, une vie bonne et qui a du sens. En outre, le bonheur est associé à de nombreux déterminants sous-jacents : les perspectives, le sentiment de contrôle de sa vie, de son environnement, la santé, la reconnaissance sociale, l’attention portée aux autres, la réussite, la culture, la personnalité, …

Considérant que les individus cherchent la plupart du temps à être heureux ou le moins malheureux possible, les politiques publiques, au service du bonheur pourraient en faire un de leurs objectifs. L’objectif affiché des politiques est généralement la croissance par la création de richesses. Ainsi les économistes du bonheur cherchent à évaluer dans quelle mesure la richesse est-elle liée au bonheur ?

Pour éclairer cette question, nous présenterons les principaux enseignements issus du travail des économistes du bonheur avant d’en souligner les limites.

 I- Ce que nous apprend l’économie du bonheur

A- l’approche méthodologique de l’économie du bonheur

Soulignons d’emblée qu’il peut paraître surprenant de vouloir quantifier le bonheur, notion subjective par excellence. C’est la raison pour laquelle, il est préféré de laisser à chacun le soin d’en exprimer l’intensité lors d’enquêtes.

  • Objectif : In fine, à condition que les économistes du bonheur parviennent à établir des corrélations fortes entre richesse et bonheur, alors l’objectif est d’éclairer le politique sur les leviers à activer pour faire croître, organiser ou émerger un bonheur individuel et collectif. Exemple : puisque le bonheur des citoyens est positivement corrélé au sentiment de contrôle des décisions, alors le politique devrait produire plus de démocratie participative.
  • Délimitation : Ce courant de recherche ne prétend ni expliquer ce qu’est le bonheur, ni fournir des recettes économiques pour le développer. Conscient que le bonheur échappe en grande partie à cet aspect matériel et marchand, les économistes se bornent à identifier les liens robustes entre richesse et bonheur.
  • Sémantique : Dans ce domaine, les économistes et les enquêtes mobilisent tour à tour les notions de satisfaction, de bonheur, de bien-être avec des glissements réguliers d’une notion vers l’autre sans opérer de distinction claire entre elles. Ils considèrent que le niveau de satisfaction, quant à leur vie, exprimé par les sondés, est un bon indicateur du niveau de bonheur ressenti. Ils ne font pas la nuance entre satisfaction et bonheur. Il est tout de même possible de distinguer :
    • d’une part, le bonheur relevant plutôt d’une approche émotionnelle en rapport avec les affects positifs : la joie, l’amour de la vie, la félicité, « le sel de la vie » (Françoise Héritier) [3] , ou les affects négatifs : les craintes de l’avenir, …
    • d’autre part, la satisfaction porteuse d’une dimension plus cognitive représentant tous les jugements, les idées, les évaluations que l’on peut porter sur soi ou sur sa vie, sur son niveau de bonheur.
  • Le mode d’enquête : d’une façon générale, l’économiste mesure les préférences, les goûts, les objectifs des gens en observant les comportements révélés par leurs décisions, exemples :
    • Pour savoir si les gens aiment le chocolat, il est possible de mesurer la variation de quantité achetée par exemple pour une variation de prix donnée ;
    • Pour mesurer l’appétence des agents pour les vacances en bord de mer, il est possible de mesurer la quantité de jours de location en bord de mer.

Il n’est pas possible d’opérer ainsi pour les phénomènes agrégés comme les inégalités, la pollution, la qualité des institutions : il n’existe pas de marché pour en acheter plus ou moins et qui permettrait d’observer les préférences. Dès lors la méthode retenue consistera à exploiter des données subjectives (déclarées individuellement).

  • La collecte des données s’effectue à des échelles variables (du local à l’international) dans le cadre d’enquêtes qualitatives longitudinales (sur des périodes plus ou moins longues) [4]. Il est, entre autres, demandé aux sondés de porter une évaluation sur leur satisfaction dans la vie. Typiquement sur une échelle de 0 à 10, il leur est demandé d’évaluer leur satisfaction ; exemple : « A quel point êtes-vous satisfait de votre vie ? » où « A quel point êtes-vous heureux ? ». Le 0 correspond à la pire situation, totalement insatisfait, jusqu’à 10 ou elle serait absolument parfaite, comme une forme de paradis sur terre.
  • Le traitement s’appuie des données abondantes, qui permettent de repérer des liens robustes entre les niveaux de bonheur déclarés et la situation des sondés. Les résultats font ensuite l’objet d’un traitement statistique, notamment des tests de corrélation avec d’autres variables, objectives (niveau de revenu, croissance, situation maritale, environnement social...) dans le but d’identifier les causalités fortes créatrices ou destructrices du bonheur. Exemples :
    • Le bonheur individuel augmente-t-il avec le revenu ?
    • Le bonheur des gens varie-t-il de la même manière que le PIB ?
    • Les relations sociales impactent-elles le niveau de bonheur déclaré ?
    • Quel niveau d’inégalité impacte le bonheur ?
    • Pourquoi la France, pays objectivement riche, souffre d’un tel « déficit de bonheur » ?

Ainsi il devient possible d’identifier les leviers économiques sur lesquels on peut agir dans une société donnée pour en améliorer le bien-être, car c’est le bien-être des individus qui est visé, in fine, par l’économie.

B- Les principaux enseignements de l’économie du bonheur

Les déclarations subjectives ne mesurent pas que du bruit : avec le recul et considérant la masse de données disponibles suite aux centaines de milliers de personnes qui ont été interrogées depuis 30 ans, il est établi que les réponses ont une structure :

  • Les réponses déclarées sont conformes aux mesures physiologiques observées dans le cadre d’expériences sous IRM.
  • Les réponses obtenues sont systématiquement confirmées par les proches et conjoints lorsqu’on les interroge sur le niveau de satisfaction de l’individu.
  • Les réponses obtenues sont effectivement associées de manière très régulière à certaines conditions de vie et elles portent une capacité prédictive des comportements futurs. Ainsi les principaux corrélats du bonheur se révèlent être le revenu, l’emploi, le genre, l’âge, le capital social, la qualité des institutions. Les destructeurs les plus souvent évoqués dans les analyses sont le chômage et les inégalités.

Le revenu est fortement corrélé au bonheur. Plus le revenu est élevé et plus le bonheur déclaré est important. Cependant il convient de formuler plusieurs nuances :

  • La première est que c’est davantage l’augmentation du revenu qui procure de la satisfaction que le niveau de revenu : un individu qui aurait un revenu de 20 000 €/an avec une augmentation de 10 % déclarerait une satisfaction supérieure à celui qui gagne 40 000 € mais sans connaître d’augmentation, et encore plus forte qu’un individu au revenu de 80 000 € qui connaîtrait une baisse de 10 % lui laissant un revenu de 72 000 €, supérieur aux 2 situations précédentes.
  • La seconde nuance est qu’à mesure que le niveau de revenu augmente, le bonheur déclaré varie : au sortir de la pauvreté toute augmentation de revenu génère une quantité bien supérieure de bonheur. En se rapprochant des plus hauts revenus, le bonheur augmente toujours mais plus faiblement que les revenus. Pour reprendre la sémantique des utilitaristes, l’utilité marginale de bonheur est décroissante.

Figure 1 : Les habitants des pays riches se déclarent plus heureux que ceux des pays pauvres

S’il est établi qu’à l’intérieur d’un pays plus de revenus rend plus heureux, les enquêtes internationales mettent clairement en évidence que les dynamiques entre individus à l’intérieur d’un pays se retrouvent entre les pays : les pays pauvres se déclarent en général moins heureux que les pays riches et un pays pauvre qui se développe augmente davantage le bonheur de ses ressortissants qu’un pays riche. Les différences de rendement marginal de bonheur observé entre individus opèrent également entre pays pauvres et pays riches. [5]

La culture : Au point de vue culturel, il semble que les personnes vivant dans des cultures individualistes sont plus heureuses que les personnes vivant dans des cultures collectives. Ce constat s’explique principalement parce que les cultures collectives demandent un sacrifice plus grand des besoins et des désirs particuliers, au profit du collectif.

La capacité à transformer la richesse en bonheur est variable selon les cultures : les pays latins, malgré un revenu plus faible, déclarent des niveaux de bonheur supérieurs ; la dimension culturelle joue à plein, elle s’expliquerait à priori par un état d’esprit latin, positif, plus insouciant, le soleil pouvant contribuer à forger une vision positive de l’existence. La culture latine permet ainsi de produire plus de sentiment de bonheur à partir d’une base de richesse moindre.

Le bonheur des Français : malgré un niveau de revenu / habitant élevé, les français se déclarent moins heureux. Comment expliquer ce paradoxe ?
Pour confirmer l’explication culturelle, il peut être avancé que les enquêtes menées auprès des français vivant en France présentent des niveaux de bonheur inférieurs aux populations immigrées vivant en France. De plus les enquêtes menées auprès des français vivant à l’étranger concluent à des niveaux plus faibles de bonheur.

L’enquête 2018 de la Cepremap [6] présente un tableau contrasté : le Français se sent pessimiste sur le monde à venir et optimiste sur sa situation personnelle :

  • Le pessimisme français s’expliquerait par un sentiment de perte de contrôle de sa destinée. La faute, notamment, à un système politique, administratif, mais aussi scolaire très hiérarchisé, concentré qui ne permettait pas de contribuer aux décisions (adhérer aux choix collectifs et sentir son impact sur l’environnement).
  • Un système porteur de privilèges, qui engendre la défiance vis-à-vis des institutions et du politique, alors que la confiance génère du bonheur.
  • Enfin le sentiment de déclassement serait d’autant plus puissant, que les Français se révèlent être les citoyens d’Europe qui attachent le plus d’importance à leur revenu comme condition de leur bonheur. Le français se révèle particulièrement matérialiste. Ce point est une découverte importante de l’étude.

L’emploi, ou la reconnaissance liée à une activité sociale joue considérablement sur le bien-être, au-delà des considérations financières, le travail est une source de bonheur, car il est socialement valorisé, constitutif de l’identité et porteur de perspectives. Certaines personnes, les bénévoles, acceptent de travailler sans être rémunérés.

Le plus grand destructeur de bonheur au niveau économique est le chômage car il est socialement stigmatisé, il dégrade la situation financière, il est anxiogène par l’incertitude et parfois aggravé par le sentiment d’inutilité.

  • La pauvreté est un seuil calculé par rapport à la médiane de la distribution des niveaux de vie, soit 60 % du niveau de vie médian = 1 008 € par mois pour une personne seule en France (INSEE 2017).
  • Le sentiment d’inutilité dans la société est une souffrance constitutive de l’état de misère. Pour les raisons évoquées plus haut, logiquement, les chômeurs sont nettement moins heureux que les personnes ayant un travail.

Les inégalités sont fortement destructrices de bonheur dans la mesure ou le ressenti de bonheur est relatif et dépend des comparaisons que l’individu opère avec ses groupes d’appartenance ou de référence. Ce point sera abordé en seconde partie.
Le genre joue également : les femmes se déclarant plus heureuses et plus satisfaites de leur vie que les hommes, notamment dans les pays développés. L’explication se trouve à la convergence de la qualité des institutions et de la récence de leur émancipation.

  • Des institutions de qualité défendent l’égalité des droits femme / homme ;
  • L’émancipation n’est pas encore totalement réalisée, c’est une révolution en cours, qui offre des perspectives, un sentiment de contrôle sur le réel et chaque avancée est un sujet de satisfaction. [1].

L’âge : La relation entre l’âge et le bonheur évolue au cours du cycle de vie et se matérialise par une courbe en U. (Cf. figure 2).

Figure 2 : Bonheur et cycle de vie

À l’entrée dans la vie active, le bonheur déclaré est très élevé sous l’effet combiné de l’insouciance, des perspectives et des aspirations. Puis le bonheur tend à diminuer au fur et à mesure que les gens avancent en âge, jusque 45 – 50 ans. Ensuite la courbe remonte. Cette tendance est validée dans tous les pays. Plusieurs explications sont avancées : dans la première phase, le poids grandissant des responsabilités, l’éducation des enfants, la pression professionnelle, nuisent au bonheur puis avec l’âge les individus adaptent leurs aspirations aux possibles, ils cessent d’être frustrés, ils retrouvent des marges financières avec l’émancipation des enfants. La courbe continue de croître et atteint un maximum vers 70 ans. Les problèmes de santé entament ensuite le sentiment de bonheur ressenti.

Le capital social, la vie en couple jouent positivement sur le bonheur, le fait d’avoir à qui parler, d’entretenir des relations sociales stables et de qualité, un entourage fiable sur qui compter, des relations de solidarité construisent du bonheur.

Le temps libre est également corrélé avec la satisfaction. Plus généralement, il y a une corrélation entre le bonheur et le sentiment de contrôler sa vie, son développement, d’être en capacité de faire des choix.

Les loisirs sont aussi une source de bonheur. Ils peuvent permettre de satisfaire des besoins sociaux, d’utiliser des savoirs et des compétences qui peuvent apporter relaxation ou excitation ou motivation intrinsèque.

En synthèse, l’ensemble de ces conclusions valident que le bonheur évalué sur le moment est positivement corrélé à la richesse, par ce qu’elle rend possible : la croissance génère plus de bonheur à condition quelle soit accompagnée d’institutions capables de produire plus de démocratie, moins d’inégalités, des conditions de développement et d’émancipation (ce qui ne manque pas de poser la question de la qualité de la croissance).

Cependant d’autres approches de mesure sur le plus long terme remettent en cause la corrélation positive entre richesse et bonheur. En outre cette corrélation suppose des conditions de réussite que les politiques actuelles peinent à rassembler.

 II- Les limites de la richesse dans le bonheur

A- Le débat autour du paradoxe d’Easterlin

« À long terme il n’existe pas de relation entre argent et bonheur » : l’économiste Richard Easterlin adresse une critique à l’économie fondée sur l’accumulation ; il a démontré de manière empirique une relation paradoxale entre le bien-être et le PIB par habitant : à long-terme, il ne semble pas exister de causalité entre la croissance du PIB réel (ajusté de l’inflation) par habitant et le bonheur. Entre 1973 et 2004, alors que le PIB réel par habitant a doublé aux Etats-Unis, le « bonheur » est resté constant (voir figure 3).
Or, comme développé en première partie, les études à un instant « t », valident un lien positif entre revenu et bonheur (même pour les plus riches, plus d’argent construit un peu plus le bonheur : un ménage plus riche aura tendance à s’estimer plus « heureux » en moyenne qu’un ménage plus pauvre, et ceci particulièrement dans les pays en voie de développement).

Comment expliquer alors ce paradoxe ?

Figure 3 : le paradoxe d’Easterlin : à long terme le bonheur serait décorrelé du PIB

La résolution du paradoxe d’Easterlin
Il faut noter que la question est actuellement en débat. Elle conduit les économistes à retravailler sur les données et les méthodes de corrélations avec les variables étudiées. La question du paradoxe cristallise actuellement les travaux des économistes du bonheur. « L’absence de preuve de la relation n’est pas la preuve de son absence ».
3 types d’explication permettent de résoudre ce paradoxe : la comparaison, l’adaptation, et l’addiction à la consommation.
Notons que les 2 premières explications (comparaison et adaptation sont proposées par Easterlin de manière cohérente avec la « théorie des perspectives » de Kanneman et Tverski 1979 [7]

La comparaison des individus entre eux, rappelle que le bonheur est relatif. Il n’existe pas de niveau de bonheur absolu qui serait lié à un niveau de revenu particulier. Il n’y a pas de seuil. Le bonheur continue à augmenter avec des revenus élevés (mais en moindre proportion).

Cependant, les individus se comparent entre eux. Ils évaluent leur bien-être par comparaison à leurs groupes de références. C’est-à-dire par rapport à ceux qui comptent dans leur environnement : les collègues de travail, les amis, la famille, les voisins. Ce n’est pas tant le niveau de revenu que l’écart observé qui compte. De ce point de vue, partager plus de croissance par l’augmentation des revenus de chacun dans les mêmes proportions n’augmenterait pas le niveau de bonheur collectif car les écarts seraient inchangés. La réduction des inégalités devient alors un levier intéressant pour générer du bonheur collectif.

Les inégalités sont moins problématiques dans des sociétés ou la mobilité sociale est forte : elles sont mieux acceptées aux USA dans la mesure où l’« American way of life » fait la promotion de l’individu dans un système ou faire fortune est un trait saillant de la culture. Elles sont plus destructrices de bonheur dans les sociétés marquées par la reproduction sociale [8].

La comparaison opère également entre groupes et entre pays. Le niveau de bonheur déclaré est influencé par la situation plus ou moins enviable des autres pays. Les dynamiques mondialisées à l’œuvre et l’émergence des BRIC opèrent un « grand basculement économique » [9] porteur d’incertitudes et de crainte de déclassement pour les économies développées, ce qui dégrade la satisfaction.

L’adaptation est un phénomène psychologique inconscient qui explique que les individus s’habituent à tout et / ou révisent leurs préférences.
Les chercheurs ont repéré une formidable capacité des humains à s’adapter aux différents chocs de vie, même les plus extrêmes, qu’ils soient positifs (un mariage, une naissance, la reprise d’un emploi, l’achat d’une maison...) ou négatifs (un divorce, un deuil, une maladie, …).

Passée la période de réaction, les indicateurs de subjectif (les émotions ou la satisfaction de la vie) connaissent un retour progressif vers leur niveau d’avant l’événement, ou d’avant la période d’anticipation de l’événement.

L’adaptation est la plupart du temps totale et prend quelques trimestres ou quelques années au maximum. Conformément au principe de non satiété des besoins édicté par les classiques, les individus orientent leurs efforts pour se libérer de la contrainte du revenu dans le but de financer des besoins infinis. Cette perspective d’évolution est en soi génératrice de satisfaction.

Cependant si la satisfaction dépend de l’écart entre ce qui est obtenu et les aspirations renouvelées alors le résultat est systématiquement déceptif car l’écart ne sera jamais comblé. On parle de « glissement des préférences » [10].

L’élévation des aspirations n’étant pas instantanée, c’est surtout sur le long terme qu’on observe la constance du niveau de satisfaction.

Easterlin commente : « le plus grave est que les gens sont peu conscients de ce phénomène ce qui les conduirait à des anticipations erronées donc à des choix inefficaces ; ils auraient été plus heureux s’ils n’avaient pas gâché leurs efforts à s’enrichir ».

De plus, il faut souligner le biais suivant : les déclarations de satisfaction correspondent à un contexte de référence, elles sont marquées dans le temps et elles sont difficilement comparables entre elles. L’interprétation des échelons dans les enquêtes de satisfaction changent aussi.

  • Ainsi, alors que l’arrivée de l’eau courante dans les foyers contribuait fortement au bonheur dans les années 50, c’est en 2018 un confort de base qui n’est plus intégré dans l’évaluation du bonheur. Or, le ressenti de bien-être serait dégradé si nous devions revivre la corvée d’eau pour nos besoins. Si bien que les formidables progrès réalisés sur le long terme : baisse de la mortalité, gain d’espérance de vie, éducation, temps libre, démocratie, protection sociale, … n’apparaissent pas dans l’évaluation que chacun se fait de la qualité de sa vie, de son bonheur.

L’addiction à la consommation s’inscrit dans le prolongement du postulat du modèle classique de l’homo economicus : les besoins de l’individu seraient insatiables.

L’addiction est la consommation compulsive d’une drogue associée à une incapacité à limiter les prises et à l’émergence d’un état de manque (dépendance) en cas d’arrêt de la consommation (Kobb, 1998).

Dans la mesure où les actes d’achats produisent anxiétés et euphorie, c’est un champ qui intéresse les neurosciences et que le neuro marketing exploite. Ce dernier entretient la confusion entre désir de consommation et bonheur.

Le bonheur n’est pas la conséquence de l’accumulation des objets du désir. « La recherche effrénée du plaisir par la consommation entraverait le bonheur ». [11] Robert H. Lustig, endocrinologue pédiatrique américain à l’Université de Californie explique que bonheur et plaisir relèvent de deux natures différentes. Ils sont la conséquence de l’expression de deux neurotransmetteurs (hormones) différents : La dopamine et la sérotonine.

La dopamine produit le plaisir. Elle est pour le cerveau une récompense de nos comportements. C’est un neurotransmetteur excitateur. La recherche effrénée de plaisirs sature les neurones récepteurs qui se ferment partiellement pour éviter la surchauffe. Il faut donc plus de substance pour que le cerveau éprouve une sensation équivalente de plaisir. C’est le principe de l’addiction. C’est à ce circuit de la récompense que s’adressent industriels et communicants pour stimuler un désir de satisfaction immédiate. Le système de consommation vend du bonheur mais offre en réalité du plaisir éphémère qu’il devient cohérent de perpétrer dans un système d’accumulation.

Le capitalisme, en tant que système d’accumulation fondé sur la propriété de l’outil de production et l’institution de rapports de subordination, entretient donc la confusion entre bonheur et plaisir avec comme corollaire la captation de l’attention vers des objets extérieurs à l’individu.

C’est l’expression d’une autre hormone qui secrète le bonheur. La sérotonine est l’hormone principale du bonheur. Elle produit de l’attachement, de la sécurité intérieure, de la sérénité, du bien-être. Elle est le résultat de relations sociales de qualité (reconnaissance, confiance, proximité, amour, tendresse, …) et d’une bonne hygiène de vie (alimentation, activité physique, sommeil, …).

Le thème questionne également les sociologues, Parmi eux Gilles Lipovetsky [12] explique que « plus se déchaînent les appétits d’acquisition et plus se creusent les dissatisfactions individuelles », « les modes de vie, les plaisirs et les goûts sont de plus en plus sous la dépendance du système marchand », notamment à cause de ce qu’il nomme « l’expansion du marché de l’âme ». Les nouveaux modes de consommation sont devenus plus « émotionnels » ce qui renforce encore la confusion entre plaisir et bonheur, rendant possible l’illusion de la possibilité d’acquérir du bonheur.

Ainsi l’acquisition de plus de richesses pour consommer davantage, ne permettrait pas d’être plus heureux, mais d’entretenir de manière addictive une insatisfaction perpétuelle.

Les politiques économiques en recherche de croissance s’accommodent finalement parfaitement de cette situation. Cependant, dans un régime démocratique, elles ne peuvent se désintéresser du bonheur des électeurs.

B- Quelles politiques publiques pour plus de bonheur ?

Cette question se justifie au regard des corrélats entre le bonheur et la richesse mis en évidence par les économistes.

La question intéresse tout un chacun tant que le bonheur est un objectif recherché. Elle devient ainsi un objectif prioritaire des politiques publiques à condition qu’il soit accepté que le rôle de la politique est de se mettre au service du bonheur des administrés. Une approche libérale aura tendance à considérer que la priorité doit être donnée davantage à la liberté individuelle qu’au bonheur.

Nous nous contenterons ici d’esquisser quelques pistes en traitant des principaux enseignements tirés des études des économistes du bonheur. Rappelons deux limites importantes : la première est que le bonheur se construit principalement en dehors des champs du politique et de l’économique, la seconde est que toutes les problématiques sont interreliées dans un système complexe et difficile à traiter isolément de manière synthétique.

Il est validé que sur le long terme la croissance améliore les conditions d’existence. Cependant celle ci bute désormais sur l’urgence environnementale et sur la montée inédite des inégalités qui détruisent du bonheur.

C’est donc la question de la qualité de la croissance qui se pose. Ainsi une croissance inclusive pourrait être l’objectif d’une politique pro-bonheur. Après avoir abordé le préalable de la paix comme condition du bonheur, nous nous bornerons à traiter d’une croissance inclusive de l’urgence environnementale, et des inégalités (de revenu et d’accès à l’emploi, considérées par les économistes du bonheur comme deux puissants destructeurs de bonheur au regard de la richesse).

Le préalable à toute politique inclusive est d’assurer la paix.

La paix, définie ici comme une concorde entre nations (et non ici, comme la tranquillité intérieure d’un individu) est le plus important des biens publics. Il ne peut être produit que par les états. La création de l’union Européenne à partir de 1950 a permis de mettre fin aux guerres qui ont régulièrement ensanglanté le continent, créant ainsi du bonheur à l’intérieur de la Région. Cependant des conflits existent au-delà de nos frontières. Ils nécessitent des armes. La vente d’armes représente plus de 370 milliards USD en 2017. Les transferts d’armes en 2016 dans le monde ont atteint un niveau record depuis la Guerre froide. Près de 42 000 civils ont été signalés comme tués ou blessés par des armes explosives (Source SIPRI) [13]. Cette activité augmente la richesse des pays exportateurs. D’un point de vue moral, Il peut être cynique d’affirmer que cette activité génératrice de valeur pour les pays exportateurs augmente le bonheur de leur population (corrélation positive entre richesse et bonheur) alors que les conflits apportent malheurs et dévastations.

Malgré le fondement de principes éthiques et universels des déclarations de Droits de l’Homme et de celle des enfants, la paix souffre d’un manque de coopération alors que de nombreux intérêts particuliers / nationaux ou encore économiques /idéologiques / sociétaux sont mobilisés pour légitimer les guerres permettant de créer des débouchés aux « marchands de canons » (Joana Jean) [14].

La prise en compte de l’urgence climatique : une croissance déconnectée de la nature et tellement inégalitaire déclenche en cascade un flot de problématiques destructrices du bonheur [15] :

  • Dégradation et réchauffement de l’environnement au delà de ses capacités de résilience ;
  • Dégradation de la santé, des conditions d’existence ;
  • Disparition d’espèces animales et végétales ;
  • Conflits pour l’accès aux ressources ;
  • Migrations incontrôlées et mortifères ;
  • Montée inquiétante des nationalismes.

Les partisans de l’écologie politique [16], les différents rapports du GIEC (Groupement international d’experts de la question climatique) et les ONG continuent de tirer l’alarme. Les voyants sont au rouge. Si l’Accord de Paris de la COP 21 signé en 2015 a montré la capacité des états à adopter des objectifs communs, les modalités de mise en œuvre sont insuffisantes, de l’aveu même des signataires. (Paragraphe 17 de la décision de la COP).

La poursuite d’intérêts privés puissants nuit là encore à l’intérêt général car certains acteurs, états, et entreprises tirent encore avantage à dégrader l’environnement alors que le bonheur serait de repenser et de reconfigurer nos relations au vivant. Renouer un dialogue fécond avec la nature. Un monde où nous vivrons « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué » (Baptiste Morizot) [17].

Réduire les inégalités de revenu pour créer du bonheur collectif L’augmentation des inégalités signifie que le stock de richesses est capté par les plus riches. Nous savons que la sensibilité du bonheur aux variations de revenu est faible pour les hauts revenus et forte pour les bas revenus. Une politique de redistribution orientée vers la diminution des inégalités accorderait plus de ressources aux bas revenus ce qui augmenterait fortement la satisfaction de ces nombreux ménages et fabriquerait donc plus de bonheur agrégé au niveau de la nation.

A contrario, « si l’aggravation des inégalités (Figure 4) ne fait pas l’objet d’un suivi et de remèdes efficaces, elle pourrait conduire à toutes sortes de catastrophes politiques, économiques et sociales », extrait du rapport sur les inégalités 2018 [18].
Figure 4 : L’aggravation des inégalités dans le monde

Améliorer l’égalité d’accès à l’éducation et à des emplois bien rémunérés est essentiel pour remédier à la stagnation ou à la faible croissance des revenus de la moitié la plus pauvre de la population. Dans notre contexte de financiarisation de l’économie, les leviers préconisés dans le rapport sont une fiscalité redistributive, la lutte contre l’évasion fiscale. Alain Deneault [19] propose l’image évocatrice de « législations de complaisance » et l’investissement dans l’avenir sur des politiques d’éducation, la santé et la protection de l’environnement.

L’accès à l’emploi : Le chômage est un des plus puissants et durables destructeurs de bonheur, qui peut influer même lorsque les personnes retrouvent un emploi. Le travail a en effet des bénéfices nombreux : structuration du temps, relations et soutiens sociaux, statut, identité sociale, insertion dans des objectifs plus larges que les siens.

L’objectif de réduction du chômage constitue à ce titre un des axes d’une politique « pro-bonheur ». Selon les données publiées par l’Insee le 23 mai 2018, le nombre de chômeurs atteint 6 592 100 personnes au premier trimestre 2018, pour l’ensemble des catégories et pour la France entière, soit un taux de chômage de 8,9 % de la population active en France métropolitaine.

Le phénomène de création/destructrice d’emplois (Schumpeter) lié à la révolution numérique et à son formidable potentiel de productivité transforme le tissu économique. Des emplois se créent et d’autres disparaissent.

Les réformes actuelles d’inspiration libérales, s’inscrivent dans une volonté de réduction des déficits. Elles visent à créer un environnement propice à l’investissement. Plus spécifiquement la réforme du marché du travail menée en 2018, s’inspire du modèle de flexisécurité.

  • Le volet “flexibilité” mené par les ordonnances Macron vise à moyen terme à fluidifier un marché du travail jugé trop rigide et à favoriser l’appariement. Il s’est accompagné de réduction de la protection des salariés. Ce volet génère à court terme, de l’incertitude chez nombre de salariés, ce qui nuit à leur bonheur.
  • Le volet “sécurité” nécessite des moyens. Il sera abordé sous l’angle de réforme de la formation professionnelle à travers la loi “avenir professionnel” [20], dont le vote est prévu pour l’automne 2018. Ce volet se structure en 3 volets :
    • Renforcement des dispositifs de formation professionnelle, à travers un plan massif d’investissement pour les demandeurs d’emploi, les jeunes et les salariés dont les métiers sont appelés à évoluer rapidement.
    • L’ouverture de l’assurance chômage aux démissionnaires et aux indépendants, pour permettre à chaque Français de construire ou saisir une opportunité professionnelle sans craindre de perdre toute ressource financière.
    • La refonte de l’apprentissage pour développer massivement l’offre des entreprises en direction des moins de 25 ans et lutter efficacement contre le chômage des jeunes.

Il faut noter que d’autres approches existent dans ce domaine. En matière de bonheur, c’est au moins autant l’accès à une activité socialement valorisante et choisie plutôt qu’un emploi rémunérateur qui est à rechercher.

Les nombreuses propositions alternatives plus sociales et moins libérales qui visent par exemple au développement de l’économie sociale et solidaire, au partage du travail au service de plus de temps libre et de moins de chômage, le versement d’un revenu universel, le ralentissement, constituent des options politiques compatibles avec des objectifs de bonheur.

Conclusion

Rappelons que la question du lien entre bonheur et économie n’a de sens que si la question des conditions même de l’existence, menacées par des logiques prédatrices et non coopératives, est réglée. Les questions de la paix et de l’urgence environnementale sont le préalable.
Les recherches sur le bonheur et sur la relation entre bonheur et économie apportent plusieurs éclairages :

  • La question du lien entre bonheur et croissance fait débat actuellement entre les économistes.
  • Le niveau de bonheur déclaré est corrélé au niveau de richesse, mais la richesse n’est qu’un déterminant parmi beaucoup d’autres du bonheur. En effet ce qui procure du bonheur véritable ne s’achète pas. Les recherches montrent aussi que l’on peut être pauvre et heureux et riche et malheureux.
  • Le niveau de bonheur déclaré sur le long terme reste stable malgré la richesse créée, car la satisfaction déclarée reste dépendante de la situation des autres. Par ailleurs les individus s’adaptent, ils révisent en permanence leurs attentes. Cette tendance naturelle et déceptive est exploitée par les incitations d’un système marchand à la recherche de débouchés pour ses productions ce qui altère encore l’évaluation du bonheur individuel. Si la pauvreté diminue bien plus le bonheur que la richesse ne l’augmente et si à partir d’un certain seuil, l’augmentation de la richesse ne joue quasiment plus, alors la lutte contre les inégalités de revenus devient un véritable levier pour créer du bonheur collectif. L’échec est actuellement patent sur ce point malgré l’inscription de l’« Égalité » au fronton de notre République. La question de l’accès à l’emploi, reste incontournable pour créer du bonheur. Elle peut être enrichie à travers la question du partage des activités socialement utiles en échange d’un revenu qui permettrait de recréer du lien et du mieux être dans la société [21].

Pour l’heure, le bonheur comme but le plus élevé dans l’existence pour les philosophes et comme équilibre intérieur source de réalisation par le rapport aux autres, l’autonomie, le sens donné à sa vie, la maîtrise de son environnement pour les psychologues, parvient mal à être servi par la course en avant d’un système économique globalisé de plus en plus inégalitaire et générateur d’inquiétantes incertitudes.

Quel « pas de côté » de la démocratie et des politiques économiques permettrait de réaffirmer l’idée de « communauté de destin » comme préalable au bonheur. De manière induite, une des questions qui s’avance est celle de la défense et de la production de nos biens communs.

Jean-Pierre GOUEYTHIEU, veilleur au CREG


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 Bibliographie

[1] Claudia Senik, professeure à Sorbonne-Université et à l’Ecole d’Economie de Paris, auteure notamment de L’Économie du bonheur publié aux éditions du Seuil. 2014

[2] Renaud Gaucher, « Bonheur et économie. Le capitalisme est-il soluble dans la recherche du bonheur ? » L’Harmattan, collection L’esprit économique, 2009

[3] Françoise Héritier, anthropologue, traque les aspirations profondes de l’humain, celles qui donnent du goût à nos existences « Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d’exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c’est de cela que j’ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous « le sel de la vie. ». Éditeur Odile Jacob 2012

[4] World Values Survey (97 pays,1981- 2008)

[5] R. Veenhoven, sur le sentiment de satisfaction dans le monde (World Database of Happiness).

[6] Cepremap  : http://www.cepremap.fr/2018/05/note-de-lobservatoire-du-bien-etre-n2018-03-le-bien-etre-des-francais-mars-2018/

[7] Daniel Kahneman et Amos Tversky, « Prospect Theory : An Analysis of Decision under Risk », 1979

[8] Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, « Les Héritiers, les étudiants et la culture" (1964)

[9] Jean-Michel Severino et Olivier Ray, « Le grand basculement » Ed. Odile Jacob, 2011

[10] L’école de Leyden et le « glissement des préférences » (préférence drift) : Van Praag, 1971, Hagenaars, 1986, Van de Stadt et al., 1985

[11] Robert H. Lustig 2017, The Hacking of the American Mind (Le piratage du cerveau américain)

[12] Gilles Lipovetsky, « Le bonheur paradoxal ». Essai sur la société d’hyperconsommation. Gallimard, 2006

[13] Sipri  : l’institut international de recherche pour la paix de Stockholm https://www.sipri.org/sites/default/files/2018-05/milex_press_release_fre_1.pdf

[14] Joana Jean, « Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses », Pouvoirs, 2008/2 (n° 125), p. 43-54

[15] Jean Pierre Goueythieu, « La disqualification d’un modèle linéaire devenu insoutenable » 2015

[16] Zin Jean, « Qu’est-ce que l’écologie-politique ? », Écologie & politique, 2010/2 (N°40), p. 41-49

[17] Baptiste Morizot, agrégé et docteur en philosophie, Aix-Marseille Université. « Nouvelles alliances avec la terre. Une cohabitation diplomatique avec le vivant », 2017

[18] Rapport sur les inégalités Mondiales 2018 http://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-summary-french.pdf
[19] Alain Deneault, « Une escroquerie légalisée ». Précis sur les « paradis fiscaux », 2016

[20] http://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/reforme-de-la-formation-professionnelle/
[21] Institut de l’économie du bonheur : http://economie-bonheur.org/

Notes

[1L’écart de bonheur aux Etats-Unis tend à se réduire car cette émancipation féminine ne s’est pas encore accompagnée de la fin de la spécialisation dans les tâches ménagères. En 1984, la sociologue française Monique Haicault, puis en en 1998 et la sociologue américaine Susan Walze décrivent le principe de la « charge mentale ménagère, émotionnelle et intellectuelle » qui décrit l’articulation de la « double journée » que mènent les femmes occidentales celles-ci devant mener de front les contraintes de la gestion de leurs activités professionnelles et de la gestion de leur foyer

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