L’impact de la crise financière sur les choix de financement des entreprises françaises

, par Pascale Revault

L’économie mondiale vit sa plus grave crise financière depuis 1929. Les signes avant-coureurs étaient apparus dès 2007 avec les déboires des banques Bear Stearns, Northern Rock et Merril Lynch. Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne avait alors évoqué les risques liés aux excès de crédit. En 2008, les effets de la crise immobilière américaine ont accentué les difficultés des banques qui, pour certaines ont été acculées à la faillite comme la banque Lehman Brothers, sans qu’Henry Paulson, secrétaire au Trésor américain, ne tende la main. La crise financière s’est alors doublée d’une crise de confiance envers le système bancaire, entraînant un risque de banqueroute mondiale des banques. Le lundi 6 octobre 2008 est baptisé lundi noir : le CAC 40 à la Bourse de Paris chute de plus de 9%. Les gouvernements des grands pays occidentaux, même les plus libéraux, se voient obligés d’intervenir massivement sur leurs systèmes financiers et bancaires. L’Islande a dû suspendre ses cotations boursières pour trois jours car elle était menacée de faillite nationale. Le Trésor américain et la FED ont décidé de mettre à la disposition des banques 900 millions de dollars pour éviter une véritable crise des liquidités.

C’est dans ce contexte de crise financière majeure que les entreprises doivent évoluer aujourd’hui. D’autant que cette crise financière produit déjà les effets d’une récession qui pourrait se prolonger assez longtemps. Selon les dernières estimations d’Euler Hermes, assureur-crédit, le nombre de faillites devrait augmenter de 12 % en 2008 (contre 6 % en 2007) et dépasser les 56 000. La sinistralité touche désormais l’ensemble des entreprises sans distinction de taille ou de secteur d’activité et s’étend à toutes les régions. Le journal Les Echos du lundi 5 janvier 2009 publie un article au titre plus qu’évocateur : « Le monde de l’entreprise a mis un genou à terre ».

Les entreprises en difficulté ont plus que jamais besoin de financements adaptés et les entreprises encore en bonne santé ont toujours besoin de financement leur permettant de se développer. Mais quels choix de financement s’offrent aux entreprises en période de crise ? Le développement qui va suivre n’est pas une analyse macro-économique de la crise financière actuelle. Ce n’est pas non plus un panorama de tous les choix de financement offerts aux entreprises. Il suffit pour cela de reprendre les manuels traitant de l’analyse financière ou bien des choix de financement et de trésorerie dont le plus célèbre, le Vernimmen vient d’être réédité pour la 7e fois (« Finance d’entreprises », chez Dalloz). L’objectif de ce développement est de démontrer modestement en quoi la crise financière actuelle va impacter les choix de financement des entreprises françaises tant en se plaçant du côté de l’offre de financement qu’en se plaçant du côté de la demande de financement.

 I- L’impact de la crise financière sur l’offre de financement

Cela fait presque trente ans que la dérèglementation des marchés financiers (décloisonnement des marchés, désencadrement du crédit…) a permis leur modernisation et leur forte croissance. La multiplication des produits financiers et l’ouverture des marchés ont entraîné un nouveau phénomène, celui de la désintermédiation, qui s’est largement développé en France depuis les années 80. L’offre de financement aux entreprises s’est alors élargie : les entreprises peuvent trouver des sources de financement multiples, sans recourir obligatoirement aux établissements de crédit. Nous sommes donc aujourd’hui dans une économie de marchés financiers, selon J. Hicks. Les marchés financiers exercent alors un rôle déterminant, ils constituent un lieu de financement direct puisque prêteurs et emprunteurs sont confrontés directement les uns aux autres. Mais depuis l’été 2007, on remet en cause ce mode de fonctionnement. Selon Philippe Auberger, ancien membre du conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et du Conseil monétaire de la Banque de France, « nous n’avons peut-être pas assez réfléchi aux conséquences de la désintermédiation financière ». Les dérives ont en effet été importantes, en commençant par l’utilisation massive des techniques de titrisation et de Leverage Buy Out. Devant les prises de risque excessive, les intermédiaires financiers sont devenus méfiants et l’on assiste donc aujourd’hui à une baisse de l’offre de financement. Par ailleurs, les montages financiers complexes entre établissements financiers ont rendu opaque le fonctionnement du secteur bancaire et les règles prudentielles n’ont pas été suffisamment respectées, il sera sans doute nécessaire de mieux encadrer cette offre de financement.

A) Les principaux facteurs ayant contribué à la baisse de l’offre de financement

Née dans les années 1970, la titrisation permet de transformer une créance bancaire en un titre qui peut faire l’objet de transaction. Par exemple, lorsqu’une banque accorde un prêt, elle peut le vendre à un établissement financier qui va émettre des titres de dettes vendus eux-mêmes à d’autres investisseurs. Initialement, cette technique devait permettre une répartition des risques en une multitude d’investisseurs. D’autre part, les crédits accordés disparaissant de leurs bilans, les banques peuvent alors s’exonérer de constituer des réserves importantes (règle prudentielle imposée par les accords de Bâle II) et accroître plus facilement leur volume de financement.
Comme les investisseurs y ont trouvé une source de diversification de leurs placements, on a laissé ce marché se développer dans des proportions déraisonnables. Un bon nombre de prêts subprime ont été introduits dans des véhicules de titrisation pour en doper les performances. Mais la crise immobilière a fait les ravages que l’on connaît aux Etats-Unis, rendant non négociables un trop grand nombre de titres. Les Special Purpose Vehicules créés par les banques d’investissement américaines n’ont pas réussi à les écouler auprès des investisseurs.

Autre montage financier très utilisé, le LBO consiste, pour un fonds d’investissement, à racheter une entreprise avec un fort recours à l’endettement. On crée alors une holding qui s’endette pour racheter une autre société. La société holding paiera les intérêts de sa dette et remboursera son emprunt à partir des excédents dégagés par la société rachetée. Le marché des LBO s’est beaucoup développé depuis les années 90. D’abord orienté vers des cibles présentant un risque industriel limité, les investisseurs se sont tournés petit à petit vers des sociétés à plus forte croissance puis vers des secteurs aux revenus plus volatils.
Mais les entreprises qui ont fait l’objet d’un LBO, ou de plusieurs générations de LBO, connaissent aujourd’hui une situation inquiétante. Parfois endettées jusqu’à 70%, voire 80 % de leur valeur, et ce avec la bénédiction des banques, les entreprises rachetées par les fonds d’investissement sont sensées rembourser les dettes avec la trésorerie qu’elles génèrent… sauf que lorsque le ralentissement économique devient trop important, les revenus diminuent Ajoutez à cela un absence de réserves, de quasi-fonds propres et de trésorerie et l’effet de levier peut alors se transformer en effet de massue…

En recherche d’innovations financières plus lucratives, les banques ont abusé de placements aux montages complexes et opaques. De ce fait, le milieu bancaire a connu une crise de confiance sans précédent. Les banques commerciales ont cependant mieux tiré leur épingle du jeu que les banques d’affaires. Leurs sources de financement prioritaires sont leurs propres capitaux et les dépôts de leurs clients, elles font donc moins appel aux marchés financiers. Les tensions sur le marché interbancaire ont été et sont encore extrêmes et la prudence des banques s’est développée immanquablement. Les banques ne veulent plus se prêter d’argent à court et à moyen terme. Non seulement les banques sont réticentes à se refinancer entre-elles mais un nombre croissant d’entreprises voient leurs relations avec leurs banquiers se durcir.
Les entreprises souffrent de cette situation. Or les économistes sont unanimes : de l’étendue des restrictions de crédit aux entreprises dépendra, pour une bonne part, l’ampleur du ralentissement économique à attendre en 2009. Malheureusement, selon le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, la décélération des encours de crédit s’aggrave.

B) L’encadrement et le soutien de l’offre de financement

Quels sont les remèdes à ces dysfonctionnements ?
Après un laisser faire trop excessif, il est nécessaire de revenir à une régulation financière. Reprendre les règles prudentielles de accords de Bâle qui s’imposent normalement aux banques, encadrer le marché des produits dérivés et celui des marchés structurés qui ont répandu les risques liés aux prêts subprime (en 2003, W. Buffet, qualifiait les produits structurés d’ « armes de destruction massive »), mieux surveiller et encadrer les hedge funds qui prennent des risques excessifs pour maximiser leurs profits, il s’agit ici d’une liste qui est loin d’être exhaustive. Après la défiance qu’a connu le marché de la titrisation, l’heure est à la réflexion et la réglementation. D’ici peu, certaines opérations de titrisation pourraient être supervisées par les autorités de régulation bancaire. Deux changements majeurs pourraient notamment être adoptés : la redéfinition de la nature des prêts « titrisables » et le renforcement de la fiabilité des emprunteurs, la conservation d’une partie des crédits titrisés dans le bilan des banques, notamment pour les opérations les plus risquées.

Face à cette dégradation, et pour restaurer la confiance, le gouvernement français a annoncé la mise en place d’un plan de soutien visant à apporter des liquidités aux banques françaises. Il se compose de deux enveloppes, une de 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques. La SPEE, société de prise de participation de l’Etat, est chargée d’aider à cette recapitalisation des banques. Une autre enveloppe de 320 milliards d’euros se présente sous forme de garanties données à une société privée, spécialement créée pour aider au refinancement des établissements financiers, la Société de refinancement. Ce plan, adopté mercredi 15 octobre 2008 par le Sénat, a été salué par les économistes. Les banques se sont pour leur part engagées à ne pas réduire leur enveloppe globale d’encours, ni augmenter les garanties personnelles sur leurs entreprises clientes. Leurs encours de crédits devront continuer à croître sur un rythme annuel de 3 à 4%.

Par ailleurs, un médiateur du crédit a été nommé, avec pour mission de veiller à ce que les entreprises ne soient pas abusivement privées de trésorerie. René Ricol, qui occupe cette fonction, se félicite des premiers résultats de la médiation du crédit. Les principaux problèmes rencontrés concernent des découverts, des contrats d’affacturage ou d’assurance-crédit. 38 % des dossiers refusés concernent des « entreprises dont les difficultés structurelles sont antérieures à la crise financière ». Si pour le moment, le recours au dispositif reste raisonnable, on s’attend cependant à une recrudescence des demandes dans les mois à venir, avec l’explosion des faillites et les chutes dans les carnets de commande.

Ces mesures seront-elles suffisantes ? Certaines économistes pensent que non et de nombreux entrepreneurs restent encore pessimistes. Il est évident que la relance de l’offre de financement doit être doublée d’une relance de la demande de financement.

 II- L’impact de la crise financière sur la demande de financement

Ou encore …les conséquences de la crise financière sur les besoins de financement des entreprises françaises

Malgré le « pacte moral » passé entre les banques et le gouvernement pour bénéficier des aides débloquées en faveur du crédit (40 milliards d’euros de fonds propres et 320 milliards d’euros de garanties), il semble que le durcissement des conditions bancaires se poursuive, notamment pour les PME, et que les banques en ont profité pour augmenter leurs marges.
Les conséquences de la crise financière se font sentir de manière accrue sur les besoins de trésorerie des entreprises mais aussi sur les besoins de financement à moyen et long terme du fait du ralentissement des investissements.

A) Des besoins de trésorerie accrus

Du fait du blocage des marchés financiers rendant impossible la titrisation de créances, de la hausse du coût des crédits, des nouvelles exigences des banques, les besoins de trésorerie sont devenus l’une des préoccupations majeures des entreprises, les petites comme les grandes.
Optimiser son besoin en fonds de roulement est devenu une nécessité dans un contexte de crise des liquidités. Compte tenu de la raréfaction des liquidités sur le marché, les Credit Manager sont de plus en plus tentés d’utiliser les créances commerciales de l’entreprise comme source de financement. On assiste tous les jours à des fermetures de sociétés du fait de la non-maîtrise de leur besoins en fonds de roulement : stocks non maîtrisés, comptes clients irrécouvrables, délais fournisseurs tendant à se raccourcir, lignes de crédit insuffisantes.
Les impayés s’envolent. Les chiffres publiés par Coface sont édifiants : au 3e trimestre 2008, le montant des impayés a augmenté de 125% par rapport à la même période l’année d’avant. Les assureurs crédits sont en alerte. Leur principal problème est le manque de visibilité sur le marché et aucun ne peut prédire quand ni comment cette crise va se terminer. Tous anticipent une hausse de la sinistralité et sont par conséquent très prudents quant à leur prise de risque sur leur clientèle française. Le Président Nicolas Sarkozy a demandé à la Caisse Centrale de Réassurance et aux assureurs crédits de trouver un compromis afin de mettre en place un dispositif qui permettrait à ces derniers de continuer à apporter le même niveau de garanties à leurs clients, quelle que soit l’évolution de l’environnement économique : le CAP, Complément d’Assurance crédit Publique.
Attendue par un certain nombre d’acteurs et par les PME elles-mêmes, la loi LME porte néanmoins à polémique. Le délai convenu entre les parties pour régler les sommes dues ne peut, depuis le 1er janvier 2009, en principe, dépasser 45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d’émission de la facture (Article L 441-6 du Code de Commerce). En théorie, elle devrait permettre aux PME d’accélérer la rotation de la trésorerie et de réduire leur Besoin en Fonds de Roulement. En pratique, la loi devrait avoir un impact moindre que prévu : des accords de branches ont été conclus, certains secteurs comme celui des transports fonctionnaient déjà avec des règlements inférieurs à 60 jours. D’autre part, un certain nombre de PME n’avaient pas attendu cette loi pour se prémunir contre les délais de paiement de leurs clients en ayant recours, notamment, à l’affacturage. En conséquence, non seulement la loi n’apportera que peu de bénéfices à ces PME mais va peut-être réduire au contraire pour certaines leurs délais de paiement fournisseurs, créant d’importantes tensions de trésorerie.

Face à ces nouveaux besoins, les établissements financiers s’organisent. Un certain nombre d’entreprises, déboutées par leurs banques, se tournent en effet vers les factors, qui bénéficient d’un positionnement plus avantageux, notamment en période de crise des liquidités. L’affacturage ne connaît pas la crise ! Les banques, dans le cadre du plan de soutien de 10,5 milliards d’euros annoncé par l’Etat, ont annoncé vouloir davantage se focaliser sur les solutions d’affacturage pour soutenir le financement des entreprises. En finançant les créances de l’entreprise, elles mutualisent les risques et elles collent à leur activité. L’affacturage a été recommandé par le Conseil d’Analyse Economique, dont le rapport préconise même qu’« une partie des frais occasionnés par le coût de l’affacturage soient déduits de l’impôt sur les sociétés » (proposition 11 du rapport sur « le financement des PME » du 23 novembre 2008).
Le Gouvernement dans le cadre du plan de relance de l’économie, a également prévu des mesures à effets immédiats. Eric Woerth (Ministre du Budget, des Comptes Publics et de la fonction publique) a donné l’ordre aux trésoriers payeurs généraux et aux centres URSSAF de faire le point sur les difficultés des entreprises. Ils doivent accorder des délais de paiement et des remises de majoration de retard pour celles qui seraient fragilisées par la crise. L’Unedic a décalé de 2 mois les échéances de paiement des cotisations chômage afin d’aider les TPE à traverser cette passe difficile. Enfin, pour aider les entreprises à très court terme le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi a annoncé le remboursement immédiat des crédits d’impôt recherche des années 2005 à 2008, dès le premier janvier 2009. D’autres leviers doivent être actionnés : le remboursement de la TVA aux entreprises créditrices, la restitution des excédents d’impôt sur les sociétés, la diminution des délais de paiement du secteur public qui est l’une des mesures de la loi LME.

B) Des projets d’investissement en berne

De crise financière à crise économique on en arrive évidemment à une baisse de la demande des consommateurs, tant des entreprises que des particuliers. Pour résister à la crise, les entreprises devront donc proposer des produits encore plus novateurs mais moins chers. Elles en sont conscientes : selon le dernier baromètre publié par le groupe Alma Consulting sur le financement de l’innovation, 46% des entreprises françaises se disent prêtes à accroître leurs investissements en R&D et cette proportion passe à 49% parmi les TPE-PME. 50 % des entreprises prévoient tout de même une hausse des investissements et seules 10 % envisagent de les diminuer.
Par ailleurs, et c’est sans doute l’aspect positif de cette crise financière, la pression des actionnaires pourrait être moindre. Les entreprises devront faire des choix d’investissements qui supportent des paris technologiques plutôt que des taux de retour financier à trois mois. L’innovation redevient alors un facteur essentiel du développement et de la pérennité de l’entreprise.

Quelles sont les mesures prises pour favoriser l’investissement des entreprises ?
Après avoir présenté une aide de 22 milliards d’euros en faveur des PME, le gouvernement, compte tenu du contexte de crise, souhaite s’assurer que les robinets du crédit seront ouverts pour les entreprises qui en feront la demande. Aussi, outre les 5 milliards d’euros gérés par OSEO, le gouvernement a débloqué 8 milliards d’euros qui sont d’ores et déjà disponibles pour les « entreprises de moins de 250 salariés ». Les Entreprises de Taille Intermédiaire pourront également bénéficier des 9 milliards restants très prochainement.
OSEO, l’organisme de soutien des PME, a déjà reçu plus de 10 000 demandes d’aides dans le cadre du plan de financement mis en place par le gouvernement. Depuis la mise en place de ce nouveau dispositif, l’organisme peut apporter jusqu’à 60% de contre-garanties pour les crédits moyen terme.
Le 23 octobre dernier, Nicolas Sarkozy, Président de la République, présentait une série de mesures visant à soutenir l’activité des entreprises. Au total, 175 milliards d’euros d’investissement seront réalisés sur 3 ans par l’Etat. Parmi les mesures annoncées, on retrouve :

  • le remboursement anticipé du Crédit Impôt Recherche,
  • la création d’un poste de « médiateur de crédit », attribué à René Ricol, Commissaire aux Comptes et auteur d’un rapport sur la crise financière,
  • l’exonération totale et définitive de la taxe professionnelle pour les investissements réalisés entre le 23 octobre 2008 et le 31 décembre 2009,
  • la création d’un fonds stratégique d’investissement français d’ici la fin de l’année qui vise à soutenir les entreprises en difficultés.

Par ailleurs, les mesures européennes devraient également bénéficier aux entreprises françaises. Les ministres en charge de la compétitivité des 27 Etats membres de l’UE se sont réunis le 1er décembre dernier à Bruxelles, sous la présidence d’Hervé Novelli, pour adopter le « Small Business Act européen ». Ce plan vise à aider les PME européennes à accéder au financement nécessaire au développement de leur activité. Il prévoit également l’allègement de leurs charges administratives et une ouverture plus large aux opportunités de collaboration avec les pouvoirs publics européens. En matière de financement, la Banque Européenne d’Investissement allouera 30 milliards d’euros entre 2008 et 2011 et un véhicule européen d’investissement en capital-risque sera créé.

Enfin, une nouvelle baisse des taux vient d’être annoncée le 15 janvier 2009 par la Banque Centrale Européenne pour contrer la récession, portant le taux principal à 2 %, son plus bas niveau historique. Selon Jean-Claude Trichet Président de la BCE, la décision du conseil des gouverneurs a été unanime et il est possible que ce taux diminue encore.

 Conclusion

Les problèmes de solvabilité et de liquidité du secteur bancaire ne sont toujours pas réglés en dépit des dizaines de milliards injectés pour recapitaliser les établissements les plus fragiles ou assurer leur accès au marché du refinancement. On entre dans une phase de restriction de crédit de plusieurs années.
Même si l’urgence parlementaire a été décrétée afin que l’application du plan de relance global soit rapide et que ses effets puissent être conjugués à ceux des autres plans de relance européens, malheureusement, selon Michel Aglietta, économiste au CEPII, l’impact du plan de sauvetage est limité.
Il est nécessaire pour les entreprises de revoir leur pilotage de trésorerie. A court terme, trouver des gisements de cash s’avérera plus efficace que d’attendre la création d’un nouvel ordre financier mondial.

D’autres problèmes devront également être réglés.
On a bien évidemment constaté la complaisance des agences de notation qui ont accordé des avis excellents à un grand nombre de produits financiers risqués. Il est nécessaire que les pratiques de notation soient plus transparentes et que les agences de notation respectent un code de bonne conduite.
D’autre part, les normes comptables internationales (IFRS) reposent sur le principe de la juste valeur. Les banques et les entreprises sont alors évaluées en tenant compte du prix des actifs qu’elles possèdent. Il est alors facile de comprendre que lorsque la valeur des actifs s’effondre, suite à une crise financière majeure comme la crise actuelle, alors la valeur des entreprises elle-même s’effondre. Face au problème, l’IASB a accepté le 14 octobre 2008 que les entreprises suspendent momentanément l’évaluation à la juste valeur pour étaler dans le temps l’impact de la crise financière sur leurs comptes. C’est sans doute le début d’une nouvelle réflexion sur les normes IFRS qui a d’ailleurs fait l’objet d’un numéro spécial de La Revue Française de Comptabilité en novembre 2008.

 GLOSSAIRE

  • Affacturage : l’affacturage (ou factoring) est une technique de gestion financière par laquelle, dans le cadre d’un contrat, une société d’affacturage gère les comptes clients d’entreprises en acquérant leurs créances, en en assurant le recouvrement pour son propre compte et en supportant les pertes éventuelles sur des débiteurs insolvables. (Vernimmen –Dalloz)
  • CAP : le complément de garantie apporté par l’Etat, baptisé complément d’assurance crédit public (CAP), s’appliquera lorsque l’assureur-crédit d’une entreprise décide de diminuer le montant de sa garantie ou lorsqu’une entreprise nouvellement assurée ne peut obtenir de son assureurcrédit le montant de garantie souhaité. Ainsi, pour la part des créances que les assureurs-crédits considèrent comme difficilement assurables, l’Etat prendra en charge 50 % du montant garantie, l’assureur-crédit en conservant 50 %. (Portail du Gouvernement : Premier Ministre)
  • Conseil d’Analyse Economique : placé auprès du Premier ministre, le Conseil d’analyse économique a pour mission « d’éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique ». Le CAE est une instance pluraliste composée d’économistes reconnus de sensibilités diverses. Il comporte une trentaine de membres nommés à titre personnel, dont plusieurs membres étrangers, et six membres de droit qui représentent les grandes administrations économiques et sociales. (site du CAE)
  • CEPII : Centre d’Etudes prospectives et d’Informations Internationales
  • Désintermédiation : possibilité de réaliser directement des opérations financières entre intervenants, sans passer par des intermédiaires financiers (Dunod – Gestion financière)
  • Hedge Funds : les hedge funds, contrairement à leur nom qui signifie couverture, sont des fonds d’investissement non cotés à vocation spéculative. Ce sont des fonds spéculatifs recherchant des rentabilités élevées et qui utilisent abondamment les produits dérivés, en particuliers les options. Ils utilisent l’effet de levier, c’est-à-dire la capacité à engager un volume de capitaux qui soit un multiple plus ou moins grand de la valeur de leurs capitaux propres. (Vernimmen –Dalloz)
  • IASB : International Accounting Standard Board. L’IASB est un organisme privé qui a été fondé en 1973 par les instituts d’experts-comptables de neuf pays avec pour principaux objectifs d’établir des normes comptables acceptables au plan international, de promouvoir leur utilisation et plus généralement, de travailler pour harmoniser les pratiques comptables et la présentation des comptes sur le plan international. Il est composé de 14 membres indépendants. (Vernimmen –Dalloz)
  • IFRS : International Financial Reporting Standard. Normes comptables édictées au niveau international par l’International Accounting Standard Board. (Vernimmen –Dalloz)
  • LBO ou Leveraged Buy Out est le rachat des actions d’une entreprise financé par une très large part d’endettement. Concrètement, un holding est constitué, qui s’endette pour racheter la cible. Le holding paiera les intérêts de sa dette et remboursera celle-ci grâce aux dividendes réguliers ou exceptionnels provenant de la société rachetée. (Vernimmen –Dalloz)
  • Loi LME : loi de Modernisation de l’Economie, du 4 août 2008.
  • Marché des capitaux : Les marchés de capitaux permettent la rencontre entre les agents économiques ayant un excédent de capitaux et les agents ayant des besoins de financement. Concrètement, les entreprises s’adressent aux investisseurs des marchés de capitaux par l’émission d’actions, d’obligations ou de billets de trésorerie. (Vernimmen- Dalloz)
  • Marché financier :
    • au sens large : marché sur lequel s’échangent des actifs financiers
    • au sens strict : marché sur lequel se négocient les instruments financiers. On distingue deux types d’instruments financiers : les instruments dérivés (contrats à terme et contrats optionnels) et les titres (actions, certificats d’investissement, obligations…)
      (Dunod – Gestion financière)
  • Marché monétaire : Marché sur lequel les agents économiques négocient entre eux leurs besoins et leurs excédents de capitaux à court et moyen terme. Il comprend le marché interbancaire réservé aux établissements de crédit et le marché de titres de créances négociables ouvert à tous les agents économiques. (Les clés de la banque) Le marché monétaire peut être défini comme le marché des capitaux à court et moyen terme, par opposition au marché financier sur lequel s’effectuent les emprunts et placements à long terme. (Dunod - Gestion financière)
  • OSEO : établissement public issu de la fusion de l’ancienne BDPME (Banque de Développement des PME), de l’ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) et de l’AII (Agence de l’innovation Industrielle).
  • Prêts subprime : Au sens le plus large, un « subprime » est un crédit à risque, à taux plus élevé pour l’emprunteur, et donc avec un rendement plus important pour le prêteur afin de rémunérer le risque de non remboursement, cependant limité par la garantie hypothécaire prise sur le logement. (wikipedia.org)
  • Produits dérivés : à la base composés de trois grandes familles (les contrats à terme, les swaps et les contrats d’option), ces instruments de gestion des risques financiers sont utilisés pour couvrir quatre sortes de risque (marché, liquidité, contrepartie, politique). Ils sont négociés soit sur des marchés de gré à gré, soit sur des bourses. (Vernimmen –Dalloz)
  • Produit structuré : un produit structuré est un produit conçu par une banque pour satisfaire les besoins de ses clients. C’est souvent une combinaison complexe d’options, de swaps, etc, basée sur des paramètres non cotés. Ce sera, par exemple, un placement à taux fixe avec une participation à la hausse des cours d’un panier d’actions. Comme un produit structuré ne peut pas se trouver coté sur un marché, son prix est déterminé en utilisant des mesures mathématiques qui modélisent le comportement du produit en fonction du temps et des différentes évolutions du marché.
  • Règlementation prudentielle : obligations qui visent à limiter les risques pris par les banques. Les règles dites de Bâle II imposent aux banques commerciales un ratio de 8 % de fonds propres par rapport à leur encours de crédit, pondérés selon le niveau de risque (Alternatives économiques n°274)
  • Special Purpose Vehicules : (en français Entité ad hoc) Société créée dans un but bien précis et qui n’existe que tant que ce but doit être réalisé. Par exemple, dans le cas d’une titrisation, une société qui achète des créances à une entreprise, permettant à cette entreprise de trouver ainsi un financement, l’entité ad hoc se refinançant en émettant à son tour des titres de dettes et de capital auprès d’investisseurs.
  • Titrisation : La titrisation est un montage financier qui permet à une société d’améliorer la liquidité de son bilan. Techniquement, des actifs sélectionnés en fonction de la qualité de leurs garanties sont regroupés dans une société ad hoc qui en fait l’acquisition en se finançant par l’émission de titres souscrits par des investisseurs. L’entité ainsi créée perçoit les flux d’intérêts et de remboursement sur les créances qu’elle a achetées aux banques et les reverse aux investisseurs via le paiement d’intérêts et le remboursement de leurs titres.

 SOURCES

Communiqués de Gouvernement

Gestion Financière - Editions Dunod
Auteurs : Jean BARREAU, Jacqueline DELAHAYE et Florence DELAHAYE

Gestion Financière – Editions Eska
Auteur : Anne-Marie KEISER

Finance d’entreprise 2009 - Pierre VERNIMMEN - Editions Dalloz
Auteurs : Pascal QUIRY et Yann LE FUR

Journaux et revues :

  • Alternatives économiques : n°272 – septembre 2008, n°274 - novembre 2008
  • Enjeux Les Echos : décembre 2008, janvier 2009
  • Les Echos : d’octobre 2008 à janvier 2009
  • Le Monde : novembre et décembre 2008
  • L’Usine Nouvelle : octobre à décembre 2008
  • Problèmes économiques : 12 novembre 2008
  • Revue Française de Comptabilité : novembre 2008
  • SIC – le magazine de l’Ordre des Experts Comptables : décembre 2008

Sites Web :

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