Le Cloud Computing

, par Christine Lassiette

 Situation actuelle

Avec le Cloud, une nouvelle bataille économique s’engage.
Elément d’infrastructure majeur, le Cloud touche l’ensemble des acteurs économiques du marché du numérique : les équipementiers, les opérateurs, les SSII, les éditeurs de logiciel…
L’essor du Cloud va engendrer une redéfinition des compétences et un changement des pratiques.

De grands leaders de ce marché se sont déjà positionnés mais il faudrait que d’autres entrent dans la danse et la France doit relever ce défi, en bonne intelligence avec l’Europe. Sinon, il y a fort à parier pour que nous soyons à nouveau confrontés à un monopole, voir duopole avec peu de standards et des problèmes d’interopérabilité. Pour cela, une alliance entre les différents acteurs sur le territoire est nécessaire, soutenue par des investisseurs privés et publics.

Les enjeux internationaux

Les enjeux politiques français

La France a fait du Cloud une des priorités du grand emprunt national avec le soutien de grosses entreprises pour la construction de centrales numériques (immenses centres de données).
Le 18 janvier 2010, le premier Ministre, M. François Fillon présentait les grandes lignes du projet de loi de finances rectificatives qui prévoit 4 milliards d’euros pour le développement de l’économie numérique. 700 millions d’euros seront consacrés au Cloud Computing. Le gouvernement a pour cela reçu le soutien de Dassault Systèmes, Thales et Orange qui militent pour un partenariat public-privé, associant industriels et Etat, afin de construire les centrales numériques de données nécessaires au développement d’un Cloud français.
Les acteurs du numérique sollicités devaient rendre leurs rapports début juillet 2010 à Nathalie Kosciusko-Morizet.
(http://www.channelnews.fr/expertises/28/7177-grand-emprunt—les-acteurs-du-numerique-ont-rendu-leur-copie-a-nkm-.html).

Mais en novembre 2010, le secrétariat à l’économie numérique disparaissait. Eric Besson était alors nommé au ministère de l’Industrie, ce dernier récupérant l’Economie Numérique.
M. Besson retrouve l’Economie Numérique dont il avait été secrétaire d’Etat lors du premier gouvernement Fillon. Il devra terminer son plan Numérique 2012 et continuer le plan Très Haut Débit 2020.
(Libre blanc à télécharger à l’adresse suivante http://www.francefordatacenters.fr/)

On comprend l’enjeu stratégique quand on sait qu’actuellement les grandes centrales de données, et donc les services qui y sont associés, sont présents hors du territoire français.
Pour conserver sa souveraineté, la France doit se doter de sa propre énergie numérique. Elle tient là une opportunité unique de se replacer parmi les très grandes puissances technico-économiques mondiales. La création de centrales numériques permettra de se doter de puissance de calcul, de stockage, de traitement de données qui serviront toute l’économie, du laboratoire de recherches à la petite PME.
L’ADEN (Association pour le Développement de l’Economie Numérique en France) a publié une proposition vers une indépendance technologique nationale : créer un maillage de centrales numériques éco responsables (datacenters à haute performance énergétique) et de plates-formes de services et d’infrastructures numériques partagées. L’objectif est de conserver sur le territoire les savoir-faire mais aussi les données privées et industrielles sensibles (livre blanc « Cloud Computing, une feuille de route pour la France » à consulter à l’adresse suivante : http://www.aden-france.org/)

Pour réussir, la France dispose d’atouts majeurs :

  • l’électricité est parmi les moins chères du monde (grâce au nucléaire),
  • l’infrastructure Télécoms parmi les plus fiables,
  • le nombre de connexions hauts débits supérieur à la moyenne.

Les enjeux politiques européens

L’Europe milite pour la création d’associations telles que Eurocloud (http://www.eurocloud.fr/) qui se fixe comme objectif de répondre à deux enjeux majeurs :

  • la reconnaissance d’une profession
  • le développement d’une offre industrielle au niveau européen

Les enjeux internationaux

SNIA a mis en place la Cloud Data Management Interface (CDMI) censé assurer la portabilité des données, notamment entre les différents fournisseurs de stockage de données dans les nuages, ainsi que leur sécurité.

Les enjeux écologiques

La « Green IT » (ou informatique verte) est un enjeu majeur dans lequel la virtualisation joue un rôle : réduction du matériel donc réduction de la consommation électrique.
Une étude (menée par Accenture et le cabinet de consultants WSP Environment et Energy) a montré qu’en faisant fonctionner leurs applications sur le Cloud, les entreprises consomment en moyenne 30% d’énergie en moins.
Les revues spécialisées annoncent régulièrement l’ouverture de nouveaux centres de données écologiques, comme en septembre 2010 avec un premier centre de données (Netapp à Research Triangle Park aux Etats-Unis) recevant le label Energy Star (température de 23°C contre 16°C habituellement).

Le marché

Le marché côté datacenters

L’explosion du volume des données, les contraintes budgétaires des entreprises, la virtualisation font que nous assistons, depuis quelques mois, à un retour en force des data centers notamment en Ile de France. L’Ile de France comptabilise une trentaine de sites et plusieurs projets d’ouverture de nouveaux centres sont en cours.
http://www.freenews.fr/spip.php?article8018
http://datacenter.silicon.fr/galileo-connect-cree-un-parc-de-data-center-en-ile-de-france-1241.html
http://www.usinenouvelle.com/article/france-telecom-pose-la-premiere-pierre-de-son-plus-grand-data-center-a-val-de-reuil.N142162

Le marché coté opérateurs

Tous les opérateurs qui se dirigent vers le Cloud proposent des serveurs virtuels (Iaas) à la demande, parfois configurables en ligne (comme OVH qui offre une solution avec définition des besoins par un portail Web). Souvent ils les complètent avec des briques de sécurité, voire des services de stockage à la demande.
En France, les opérateurs Orange, Colt, Verizon et SFR ont déjà des solutions et prétendent être les seuls à pouvoir garantir une sécurité de bout en bout.
SFR Business Team a annoncé le 29 juin une offre Iaas « Infrastructure SI à la demande ».

Le marché coté éditeurs

Quelle va être la stratégie des grands éditeurs de progiciels ?
Comment vont-ils faire évoluer leurs solutions vers le SaaS puis vers le Cloud ? Sachant que les entreprises utilisatrices voudront obtenir les avantages du progiciel sans avoir les inconvénients de l’initialisation, sans frais d’entrée, ni ressources hyper spécialisées.
Par ailleurs, les éditeurs vont devenir eux-mêmes des clients de Cloud en mettant à disposition leurs outils sur des plates-formes qui ne leur appartiennent pas.

Les Clouds les plus visibles sont ceux de Google, Amazon, Salesforce, Microsoft et IBM. 
Des alliances éditeurs/constructeurs se mettent en place. Ainsi Microsoft et HP ont conclu un partenariat pour une offre privée. Ils ont installé une maquette en test pour les entreprises au MTC (Microsoft Technology Center) de Paris. Les utilisateurs peuvent ainsi tester de nouvelles machines virtuelles ou automatiser leur déploiement et celui des applications.

Les circuits de distribution

Les fournisseurs de service Cloud doivent anticiper ce qui sera la prochaine évolution, la transformation du circuit de distribution.
Le niveau de prix pratiqué en SaaS ne laisse que des miettes aux revendeurs qui éprouvent donc des difficultés à commercialiser des applications sur le Cloud et préfèrent vendre des licences logicielles. Les SSII, quant à elles, se sentent menacées et craignent un manque à gagner important (mise en route plus rapide grâce aux SaaS donc moins d’investissement en intégration, modèle plus ou moins standardisé donc moins de réglage). C’est pourquoi certaines d’entre elles se lancent dans leurs propres offres Cloud. Elles vont devoir s’adapter en montrant leurs capacités à agréger les différents services Cloud.

Quelques chiffres

  • 21% de croissance par an jusqu’en 2011 (Le Gartner)
  • 52% des entreprises envisagent de passer au SaaS pour des usages collaboratifs d’ici 2010 (étude Markess Internationale)
  • Prévisions du Gartner : 20% des entreprises n’auront plus d’actifs informatiques en 2012 ; d’ici 2012, les sociétés de services informatiques indiennes représenteront 20% des leaders mondiaux d’agrégateurs Cloud
  • le marché français associé au Cloud représente 1,5 milliards d’euros en 2009 (cabinet Markess International)
  • 27 octobre 2010 : Microsoft annonce que plus d’un million de professionnels utilisent ses services Cloud en France (40 millions dans le monde)
  • Le Cloud externe public ne requiert que 5% des intentions des grands comptes

La législation

Toute innovation entraîne de nouvelles problématiques juridiques. L’aspect clé en main des services de Cloud Computing s’accompagne d’une grande complexité de leur contractualisation.
La question est de savoir quelle législation nationale faire intervenir et quelle jurisprudence quand l’hébergement est hétérogène.

La législation française

La législation française interdit la généralisation du Cloud à tout type de données. En effet, des tiers ou des pouvoirs publics ont parfois un droit de regard sur certaines d’entre elles ce qui peut réduire le recours à cette technologie. Par exemple, la législation prévoit qu’une facture transmise par voie électronique ne puisse être stockée dans un pays non lié à la France par une convention en matière de fiscalité (donc Union Européenne exclusivement). De même il est interdit à un responsable de traitement de données à caractère personnel de les transférer vers un pays n’offrant pas un niveau de protection adéquat (CNIL).
Les données médicales extrêmement critiques ne peuvent, par exemple, se retrouver stockées sur un serveur américain, chinois, russe ou dans un pays n’ayant pas le même cadre juridique.
Pour rassurer les entreprises désirant se lancer dans le Cloud et plus particulièrement le modèle Saas, le Syntec informatique a rédigé un « guide contractuel Saas » (http://www.reseaux-telecoms.net/fichiers/dossierpdf/guide-saas-du-syntec.pdf). Ainsi, le prestataire doit-il indiquer clairement le lieu où sont implantés les serveurs contenant les données de l’entreprise qui fait appel aux services de Cloud Computing (toute entreprise française devant fournir cette information à la CNIL, on ne peut transiger sur cette question).
Mais la localisation des données ne constitue pas le seul frein, l’ANSII (avec la CNIL) travaille également sur des standards minimaux de sécurité et de confidentialité.
Pour toutes ces raisons, Google a préféré installer ses centrales numériques en Belgique, à cause dit-il, « des obligations insoutenables imposées par la CNIL ».

La législation européenne

Une directive européenne impose aux entreprises de l’Union Européenne de conserver leurs données sur le territoire européen. Une régulation tout à fait incompatible avec le Patriot Act aux Etats Unis.

 Les enjeux organisationnels du Cloud Computing

Quel peut être le gain pour une entreprise ? Quelles applications peut-on migrer sur un Cloud ? Autant de questions auxquelles cet article va tenter de répondre.

Point de vue de l’entreprise

  • Les opportunités
    Les atouts des services Cloud sont, avant tout, ceux de toutes prestations externalisées : moins de dépenses d’investissement et d’exploitation.
  • Réduction des coûts liés aux infrastructures moins de personnel informatique,
    • moins d’investissement,
    • suppression des investissements importants en capital au profit de dépenses opérationnelles,
    • paiement à la consommation,
    • moins de problèmes liés à l’obsolescence du matériel,
    • les SaaS ayant une forte appétence avec l’OpenSource, les entreprises désireuses de réduire au maximum les coûts logiciels se tournent de plus en plus vers une combinaison SaaS/OpenSource.
  • Disponibilité et services
    • accès à la demande,
    • accès aux applications en mobilité à partir de n’importe quel navigateur,
    • accès aux technologies de pointe,
    • ressources infinies (ressources CPU plus importantes, réservoir quasi infini de serveurs de calculs),
    • pour les PME, possibilité d’accéder à une qualité de service réservée jusqu’alors aux grandes entreprises,
    • offre opérationnelle très rapidement (essais gratuits via un navigateur, ..),
    • le recours à un Cloud de type Iaas peut faire baisser le coût total de possession (TCO) annuel d’un centre de données de 20 à 40 %.
  • Green IT (ou informatique verte)
    • les SaaS, en permettant le déploiement de postes de travail légers, diminuent la consommation énergétique,
    • le recours au Cloud s’inscrit dans une démarche de développement durable.
  • Sécurité
    Bien que le Cloud suscite à la base des réticences quant à la sécurité des données, il pourrait permettre au contraire le déploiement de nouveaux services (sauvegarde, redondance...) qui amélioreraient la protection des ressources informatiques.
    • souvent perçue comme un problème majeur, la sécurité pourrait au contraire voir dans le Cloud l’opportunité d’être traitée sérieusement et pourrait inciter les entreprises notamment à sécuriser enfin leur code. En effet, les entreprises consacrent 90% de leurs investissements en sécurité sur les réseaux alors que le réseau n’est la cible que de 25% des attaques contre 75% pour les applications. La sécurité logicielle est bien souvent négligée par les entreprises parce que couteuse en développement (complexes, ces méthodes nécessitent de recourir à des spécialistes).
    • d’autre part, les DataCenters mettent en œuvre, pour garantir l’intégrité des données, des processus difficilement accessibles aux entreprises.
    • le poste de travail, devenu léger, n’est plus un espace de stockage ; les données sont stockées sur la plate-forme de l’opérateur et restent accessibles en cas de perte ou de dysfonctionnement du poste de travail.
  • Autres
    • recentrage sur le métier (concentration des ressources et des compétences sur les processus métiers),
    • mise en place d’un système d’information « élastique »,
    • le Cloud s’avère très utile, en amont du déploiement d’applications, pour les tester (pré production),
    • alternative séduisante pour stocker des données inactives,
    • facile à configurer,
    • la plupart des entreprises ont depuis longtemps franchi le pas de la virtualisation côté serveur, reste à poursuivre côté poste de travail.
  • Les risques
    Les risques sont liés essentiellement à la sécurité, la confidentialité et la responsabilité ….
  • Sécurité et confidentialité des données : pour beaucoup d’entreprises, il est nécessaire de stocker les données dans leurs propres locaux pour garantir leur sécurité ; même exagérée, cette crainte nécessite d’analyser sérieusement le risque encouru et les décisions varieront en fonction souvent de la taille de l’entreprise,
  • Conformité réglementaire : certaines entreprises sont parfois soumises, de part leur activité, à des contraintes légales fortes, incompatibles avec un modèle Cloud,
  • Responsabilité contractuelle : en cas de problèmes, quels seront les recours, quelle législation nationale, quelle jurisprudence ? N’oublions pas que le Cloud est une grosse boîte noire et qu’il sera difficile de savoir d’où viennent les problèmes éventuels…..
  • Désapprobation des clients : l’adhésion des clients est essentielle lorsque l’entreprise détient des informations les concernant,
  • En cas d’hébergement hétérogène, comment garantir la qualité et la continuité de service de bout en bout quand un segment dépend du Cloud ?
  • Intégration et interopérabilité (standardisation), Il convient de se montrer vigilant quant à l’interfaçage entre une solution Cloud et les autres systèmes d’information ; il pourrait être compliqué de faire communiquer les applications internes avec celles hébergées,
  • Dans le cas des SaaS, l’éditeur doit prévoir des garanties de réversibilité très claires afin que les clients puissent récupérer l’intégralité de leurs données en cours ou à la fin du contrat,
  • Internet : la latence d’Internet n’est pas adaptée à toutes les applications ; l’inquiétude concernant la disponibilité et le temps de réponse du service peut être un frein,
  • Ressources humaines : le risque est de devoir réduire les équipes, tout en nécessitant un niveau de technicité élevé.

Point de vue des informaticiens et de la DSI (Direction des Systèmes d’Information)

  • Les opportunités
  • La DSI va pouvoir se débarrasser des tâches d’exploitation et de maintenance des serveurs et du parc informatique qui, il ne faut pas l’oublier, engendrent des dépenses dépassant 70% du budget informatique annuel,
  • Le Cloud leur donne la possibilité d’externaliser l’informatique de commodité pour se concentrer sur l’innovation et sur l’informatique métier.
  • Les craintes
  • Perte de pouvoir et de ressources (réduction de budget, réduction des effectifs),
  • Sécurité, confidentialité, intégrité, traçabilité, disponibilité,
  • Dépendance au réseau et obligation d’une connexion Internet irréprochable (mais les entreprises se devaient déjà de se doter d’une liaison de haute qualité pour leurs tâches courantes : messagerie avec leurs partenaires et leurs clients, transfert de données entre partenaires, accès au site Web de l’entreprise….)
  • Les DSI s’interrogent encore sur l’intégration des applications Cloud avec le reste du système d’information dans le cas de solutions hétérogènes,
  • Pour les informaticiens, investissement dans une grande mutation des outils de développement,
  • Pour les équipes d’exploitation, leur métier risque d’être profondément transformé,

Pour conclure, l’informatique dans les nuages est en tête de liste des réflexions et des projets des DSI. Mais celles-ci s’interrogent sur la nécessité de tout virtualiser, sur les standards à retenir, sur la qualité de service (et la dépendance à la qualité de service des réseaux), sur l’adaptation des équipes à cette informatique dans les nuages.

Elles se demandent si elles ne doivent pas avoir recours à un Cloud privé pour contrôler les composants les plus sensibles (matériels ou logiciels ou base de données).
Il apparait donc que le choix des DSI ne se résumera pas à une seule solution, mais sera probablement lié aux besoins métiers, et par conséquent à l’adoption d’une solution mixte.

Point de vue des utilisateurs

  • Les opportunités
  • Gain en autonomie, en ergonomie et en simplicité,
  • Dernières innovations à disposition sur le Web,
  • Accessibilité aux utilisateurs en déplacement depuis un ordinateur ou un terminal mobile avec un environnement identique quel que soit le lieu d’accès (accès aux applications à travers un simple navigateur Web),
  • Qualité de service accrue notamment quant au taux de disponibilité des applications,
  • Changement de poste de travail aisé (plus de données à transférer ni de reparamétrage des applications, migration sans difficulté),
  • Incite au travail collaboratif puisque tous les documents sont sur une même plate-forme.
  • Les craintes Pour combattre les quelques réticences des utilisateurs, il faudra pouvoir leur garantir :
  • La possibilité de travailler en mode déconnecté (et donc d’avoir une copie des données en local),
  • Pour les postes nomades, de régler les problèmes de latence des réseaux mobiles.

Comment aller vers le Cloud ?

Opter pour une solution Cloud demande réflexion. Le processus de prise de décision est semblable à celui de tout projet informatique.
Il conviendra d’exprimer en premier lieu les besoins puis d’évaluer les solutions Cloud y répondant.
Une fois le calcul du retour sur investissement établi, il faudra mener une solide analyse des risques et des problèmes d’intégration au système d’information de l’entreprise.

Il est conseillé de commencer par des applications non métiers et peu stratégiques, par des applications dites de commodité que l’on retrouve dans toute entreprise :

  • applications collaboratives (messagerie électronique, etc.)
  • applications de gestion de ressources humaines
  • applications de gestion de la relation client
  • applications de gestion financière.

Malheureusement, pour le moment, les retours d’expérience ne sont pas encore assez nombreux.

En résumé, le Cloud permet de nombreux axes de réduction des coûts. Il est cohérent avec la tendance actuelle au recours à des services tiers. Il est aussi en phase avec l’ouverture des entreprises sur l’Internet.

 Bilan

Pour conclure, le sentiment de Ray Ozzie, architecte en chef chez Microsoft, résume assez bien l’ère dans laquelle l’informatique entre. Ray Ozzie imagine le monde de l’après PC : pour lui, le micro-ordinateur est appelé à disparaître au profit d’appareils connectés, de forme et de taille différentes qui viendront intéragir avec des services Cloud fonctionnant en continu depuis notre salon, notre voiture ou notre bureau.

Quel sera le monde informatique de demain ? De nombreuses questions restent encore posées…

Comment le Cloud va-t-il s’organiser ?

Quels seront les opérateurs ?

Quelles fonctions seront concernées ?

Les ressources seront-elles toujours disponibles ?

L’accès aux ressources se fera-t-il sans encombre ?

Sans oublier la sécurité qui reste le talon d’Achille du Cloud. Il y a fort à parier quelle va devenir l’argument de vente numéro un des fournisseurs d’offres Cloud.

Une alternative au « tout Cloud » pourrait être la mise en place d’infrastructures hybrides, faisant inter opérer un premier centre de données local et un second déporté chez un prestataire. L’entreprise s’appuierait alors sur les ressources virtuelles externes pour faire face à ses pics d’activité de façon réactive.

Certains pessimistes font le constat suivant : l’objectif était de mettre en commun, de partager, ..belle utopie….Cloud public, puis Cloud privé…..on a divisé le Cloud en 4, en 8 …on va se retrouver avec plein de petits Clouds cloisonnés, infranchissables, incompatibles et on ne saura plus qu’inventer pour les faire communiquer.

 Terminologie et concepts techniques

Le Cloud Computing est défini par le cabinet Burton Group comme un : « ensemble de disciplines, de technologies et de modèles commerciaux utilisés pour délivrer des capacités informatiques sous la forme d’un service à la demande ».

Le Cloud Computing propose ainsi trois modèles de service :

SaaS (Software as a Service)

Il s’agit d’un logiciel fourni sous la forme d’un service (et non d’un programme). Ce service est accessible via Internet, d’où l’appellation fréquente « d’applications en ligne ».
Ces applications sont principalement destinées aux applications standards, et facturées au nombre d’utilisateurs.

Les SaaS sont exécutés sur des plates-formes, elles-mêmes mises à disposition par des opérateurs (avant les progiciels étaient diffusés par des éditeurs de logiciels).
Les logiciels proposés sont opérationnels, prêts à l’emploi, sans passer par une phase d’installation et sans aucune tâche de maintenance. Les SaaS représentent 80% de la part de marché du Cloud.

Les SaaS, accessibles à toutes les entreprises, constituent une porte d’entrée vers le Cloud. Ce modèle a fait ses preuves puisque déjà 40% des entreprises américaines l’utilisaient en 2009. Google Apps est un exemple de SaaS.

On peut dire que les SaaS s’inscrivent dans une tendance générale de mutation des modes de consommation.
Le monde SaaS s’appuie fréquemment sur des socles d’exécution OpenSource. Une licence OpenSource spécifique gère les logiciels libres distribués en mode SaaS : la licence AGPL (Affero General Public License).

IaaS (Infrastructure as a Service)

Les IaaS répondent à un besoin ponctuel de performance et évite un suréquipement des salles informatiques.
Chaque application est facturée avec les ressources qu’elle utilise (serveurs virtuels, capacités de stockage, système d’exploitation).
Les consommateurs s’appuient sur un catalogue de services afin d’ajuster en temps réel leurs besoins de performance. L’objectif est de ne payer que l’infrastructure que l’on consomme à un moment donné et de gagner ainsi en réactivité lors des montées en charge ponctuelles….
Ces applications n’en sont encore qu’à leurs débuts mais devraient figurer parmi les plus dynamiques des trois segments.
Mais l’hébergement externe n’est pas encore entré dans les mœurs et les entreprises préfèrent pour le moment passer par un Cloud privé.

PaaS (Platform as a Service)

Ce terme désigne une plate-forme d’exécution, hébergée par un opérateur et accessible depuis Internet (environnement d’exécution en ligne conçu pour que l’entreprise déploie ses propres applications en dehors de sa salle informatique).
Ces plates-formes peuvent aussi bien servir de support aux applications SaaS qu’à des applications spécifiques développées par les entreprises. Ces services d’infrastructure sont complémentaires des SaaS. Ils permettent par exemple à des Startup technologiques de démarrer plus vite.
Les PaaS sont actuellement le parent pauvre des offres Cloud.

Outre les trois modèles de service, le Cloud Computing se décline en quatre modèles de mise en œuvre : privé, partagé, public, hybride.

Le Cloud privé

Propriété ou location de l’entreprise, ce Cloud permet de contrôler les composants les plus sensibles de l’architecture informatique matérielle ou logicielle.

Le Cloud partagé

Destiné à une communauté spécifique ou un gouvernement

Le Cloud public

Disponible sur Internet, on a recours aux ressources externes d’un seul prestataire

Le Cloud hybride

Composé de deux ou plusieurs formes de nuages

Le Cloud est un modèle riche et complexe, saura-t-on maîtriser sa croissance, sa mise en œuvre et son usage ?

 Annexes

Définitions du Cloud Computing

  • ensemble des disciplines, des technologies et des modèles commerciaux utilisés pour délivrer des capacités informatiques sous la forme d’un service à la demande (cabinet Burton Group)
  • utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier et liés par un réseau (Wikipédia )

Lexique :

  • Saas : Software as a service
  • Iaas : Infrastructure as a service
  • Paas : Platform as a service
  • Afdel : association française des éditeurs de logiciels (presse – 9) -> demande livre blanc faîte le 28 septembre
  • Aden : association pour le développement de l’économie numérique en France
  • NIST : National Institute of Standards and Technologies (presse – 19)
  • CNIL : Commission Nationale Informatique et Libertés SNIA : Storage Networking Industry Association

Références

  • « Cloud Computing et SaaS » de Guillaume Plouin aux éditions Dunod
  • Le Monde du 29 septembre 2010 : « les cahiers de la compétitivité spécial Cloud Computing »
  • Les articles de la revue 01 Informatique

Quelques liens pour approfondir le sujet…

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